ÉTAPE 30: SAN PEDRO DE ATACAMA

ÉTAPE 30: SAN PEDRO DE ATACAMA


Du lundi 8 au vendredi 12 janvier 2018

Notre « Ras le bol des beaux paysages » n’aura pas duré très longtemps…
Après 8 jours à regarder le mur de notre chambre d’hôtel, la route qui nous mène de Salta à San Pedro d’Atacama nous revigore les mirettes Vitesse grand V ! Même si elle est parfois très sinueuse…
En fait on l’avait déjà faite cette route, mais la majeure partie de nuit et on n’avait pu alors apprécier l’extraordinaire variété des paysages.

Parmi ceux-ci, les Salinas Grandes, prémices du Grandiose Salar d’Uyuni qui nous attend dans quelques jours (Vous allez dire que c’est une obsession mais il y a encore un but de foot…)

Et puis encore des montagnes comme des tableaux, avec à leur pied des lagunes à moitié à sec, tout en reflets et en transparences, donnant un côté envoutant au décor.

Ça c’est le côté « rêvé » de la route.. Mais elle a aussi son côté « cauchemar ». En l’occurrence il a pour nom « passage de frontière » et spécialement avec le Chili !
Outre un bazar indescriptible avec des files d’attente ubuesques où personne ne comprend où il doit aller, le douanier chilien est particulièrement tatillon. Et notamment avec les exportations de fuits, légumes et autres graines en tout genre… Bon on était déjà un peu prévenu avec nos passages précédents, mais sans faire attention, Lolo omet de déclarer un petit sachet de noix, ainsi que quelques « pipa sol» (graines de tournesol) achetés innocemment à la gare routière de Salta au rayon friandises. Pour ce délit majeur, le zélé gendarme lui demande de la suivre dans une petite pièce à part, et la convoque officiellement le lendemain au « Servicio agricola y Ganadero » (Service de l’Agriculture et du bétail) à San Pedro de Atacama.
Le bus aura bien pris ¾ d’heure de retard à cause de ça, et moi-même n’ayant pas assisté à la scène, je me suis demandé pendant tout ce temps où était passé Lolo ! Preuve tout de même de l’efficacité toute relative de leur service, ils n’ont pas trouvé dans son sac un paquet presque entier de lentilles qui pour le coup était beaucoup plus suspect…
Avec Lolo la délinquante, on se rend donc le lendemain au fameux service du Ministère, où un fonctionnaire gentil mais pas d’une dextérité excessive, dresse sous notre œil un peu consterné… une contravention.
Après un court interrogatoire, ma plaignante chérie déclare sur l’honneur ne pas avoir voulu porter préjudice au Patrimoine agricole du Chili (Rien que ça !) et repart son papier sous le bras, avec tout de même la promesse de ne pas être inquiétée à l’avenir si l’on devait à nouveau repasser la frontière.

Bref on ne nous y reprendra plus. Je crois qu’on en a pris de la graine…

On s’était raté à Noël et pour le premier de l’an, mais là nos calendriers concordent à nouveau et on s’est donné rendez-vous à Atacama: les 749 dans leur camping car, épisode 5 !
Toujours un plaisir de les retrouver…
Et puis LA surprise du Chef !
Thomas qui a rejoint sa copine Clémence à Santiago 8 jours plus tôt nous appelle un soir après 3 jours sans nouvelles qui avaient bien inquiété sa mère :
– Salut Maman, vous êtes où ? 
– A San Pedro et toi ? 
– Moi aussi !
Lolo est aux anges… Elle ne sera pas restée beaucoup plus d’une semaine sans voir son fils !
On se retrouve donc tous le temps d’un verre sur la petite place du village.

Puis chacun part faire son excursion de l’après-midi. Forcément on n’avait rien programmé ensemble!
Avec Lolo, ce sera la Vallée de la Lune. Et effectivement, le temps d’un après-midi, on quitte un peu la Terre…


On sent quand même que la moindre formation rocheuse est prétexte à une « attraction ».
Ainsi « Las tres Marias », où l’on est censé voir la Vierge, à gauche, priant pratiquement allongée, au centre tenant son fils dans ses bras, et à droite, priant à genoux la tête en moins (quelqu’un l’aurait décapitée…)

Bon oui d’accord, avec pas mal d’imagination. Il faut bien que le fervent Touriste en ait pour son argent…
Beaucoup plus à notre goût, cette magnifique combinaison de sel et de roche rouge.


Que nous retrouvons encore le long de cette « cavernas de sal », pas de tout repos à franchir…

A la tombée du jour, on a le droit au coucher de soleil sur la sublime vallée.

Mais avec l’alignement des 4X4 et les centaines de personnes au bord de la falaise, tout ça perd un peu de magie.

Quand les derniers rayons disparaissent, tout le monde se met à applaudir…
Ça nous ramène 4 mois en arrière sur la Dune de Jéricoacoara. Avec la mer en moins. Ce jour-là, on avait souri à cette manifestation d’enthousiasme, cette fois-ci ça nous désole un peu.
Sans jouer les rabat-joie, on trouve que c’est un peu trop… En fait, à moins de louer cher une voiture tout terrain, on n’a pas eu trop le choix que de faire cette excursion en groupe, sachant que les autres groupes ne sont jamais très loin derrière… ou devant.
Ça nous change vraiment de notre liberté argentine, où l’on pouvait arrêter notre Chevrolet quand on voulait et passer 5h à contempler trois vaches si ça nous chantait.
C’est Atacama, on fait avec… Parce que malgré tout le décor est extraordinaire et qu’on a promis de ne plus être blasés, même par la foule!
Mais là, ça se rafraichit vraiment par contre.. Il est temps de rentrer.
Au retour, notre jeep nous arrête dans une rue du village devant un petit resto. On entend une voix et un son de guitare dans la cour derrière. Une table est libre, il y a un brasero. Parfait pour l’apéro et peut-être le repas à suivre…

Loin de l’atmosphère archi touristique des excursions, San Pedro est surtout cool le soir, mais aussi en début de journée où il fait bon flâner dans ses ruelles de sable.

La meilleure heure restant quand même celle de l’apéro pour Lolo, ici à notre premier hotel « Siete Colores »
Evidemment les vendeurs tentent de nous fourguer tous les 10 mètres « les mille choses à faire dans le coin » mais c’est toujours de bonne guerre et jamais agressif. C’est comme ça qu’on a rencontré Corinne, notre vendeuse. On a tout de suite reconnu son accent français et on lui a fait confiance.
En plus des différentes excursions, elle nous a donné aussi un plan hébergement, « La Casa de Los Musicos » de sa copine Brigitte chez qui elle loge elle même en ce moment. Comme notre précédent hotel affiche complet, on accepte.
Alors Brigitte, comment dire… C’est un poème ! Et Miguel son mari musicien, un concerto à lui tout seul !
Ils sont un peu dingues, bon allez beaucoup dingues, mais surtout archi attachants et généreux.
Ce à quoi ils tiennent le plus au monde, ce sont leurs chats : ils sont 3 et se nomment respectivement Pita Pisco Dos,
Pito Sour Dos,…et Pascal Blaise Uno.Quand on pose une question à Brigitte elle répond invariablement « T’as demandé aux chats? »
On se sent comme chez nous. Et on se dit même qu’on pourrait organiser une petite soirée pour une occasion spéciale…
Mais d’abord, voir ce que nous réserve encore cette mythique Région.
Le lendemain, au programme, les Geysers d’El Tatio, à une centaine de kms de San Pedro.
Cette fois Thomas et Clémence nous accompagnent. Et on rejoindra aussi sur place les 749.
Départ aux aurores (4h30), car c’est le matin uniquement que se produit cet incroyable phénomène : les Geysers se mettent subitement à fumer, pendant quelques heures, puis s’arrêtent… Et le même spectacle recommence jour après jour.

On est toujours en groupe d’une demi-douzaine, et il y a toujours une autre demi-douzaine de 4X4 qui nous suit. On compare entre les différentes agences qui fait le meilleur petit déj : « T’as vu eux ils ont des œufs frits ! » « Oui mais nous on a la crème d’avocat, et ça c’est bon ! »
Sur la photo suivante, il y a deux mouettes. L’une d’elle est coupable de vol de sandwich caractérisé sur ma personne alors que je suis resté à peine 10 secondes le dos tourné. La garce…
A côté des geysers, des sources d’eau chaude, évidemment transformées en piscines à touristes ravis de se réchauffer un peu après les frimas du matin. Les 749 peuvent témoigner que la nuit qu’ils ont passé à proximité a été TRÈS fraiche !
On laisse les jeunes gouter aux joies de la baignade. Avec Lolo, la seule perspective de nous déshabiller nous rebute ! Il y a des endroits où c’est vraiment chaud, n’est-ce pas Clémence…Mais il paraît qu’une fois sortis, la sensation d’apaisement est très agréable … On aura une autre occasion d’essayer !
Sur la route du retour, une jolie  lagune avec quelques flamands…

Et un petit village perdu à flanc de montagne, qui, désert, serait sans doute encore plus charmant.

Mais là encore ça sent le circuit organisé et la petite babiole artisanale à rapporter.
On se contentera d’une mini-brochette de lama, qui nous coûte quand même 3 euros !
Dernier soir à San Pedro. On est le 11 janvier et c’est l’Anniversaire de Lolo. Là voilà l’occasion spéciale !
On a donc demandé à Brigitte si Thomas, Clémence et les 749 pouvaient venir prendre l’apéro à la « Casa de los Musicos ». Elle a d’abord du me répondre « Demande aux chats ! » puis plus sérieusement « Pour un anniversaire, bien sûr ! »
On ne sait pas encore très bien où on ira diner après, mais finalement le temps passe, on est bien, et on décide de rester là, dans cet endroit à l’atmosphère si particulière. Thomas a sorti le Pisco. Je suis allé acheter quelques empanadas et un petit gâteau. Il ne nous manque rien !

Avec Brigitte, on dégotte une grande bougie et Lolo peut souffler ses 51 printemps.
Deux bracelets confectionnés par Suzie et Lubin et une bouteille de vin offerts par les 749, un étui à cigarettes de la part de Tom.. Quant à moi j’ai retrouvé au fond d’un sac quelques jours plus tôt une bague achetée début décembre à Valparaiso et que Lolo désespérait d’avoir perdue !
Corinne nous rejoint un peu plus tard. Elle aussi a quelque chose à fêter. Aujourd’hui elle a appris qu’elle arrêtait la vente pour devenir guide à part entière. On trinque. On aura été ses ultimes clients !

Encore un peu plus tard, débarque comme un ovni un jeune sud-coréen de 17 ans (mais qui en fait 25…) nommé Kevin. Il nous raconte ses voyages, notamment son séjour à Paris et son repas à… l’Arpège ! Ce gamin venu de nulle part a diné chez Alain Passard ! Là où avec Lolo on a connu la plus mémorable expérience culinaire de notre vie…
Il est minuit passé, ce 12 janvier 2018, au nord du Chili, et on regarde défiler sur le portable d’un coréen de 17 ans les plats sublimes d’un des plus grand chefs du Monde…
Il n’y a que Pascal Blaise, blasé, qui ne trouve pas ça surréaliste !


Et puis, à regret, on se sépare… Cette fois, ça semble être la dernière avec le 749, au moins en Amérique du Sud. Mais sait-on jamais ! On est destiné à se croiser de toutes façons!
Demain à l’aube, c’est une nouvelle extraordinaire aventure qui nous attend : un Road Trip de 3 jours à travers le sud bolivien jusqu’au Salar d’Uyuni.
Thomas et Clémence seront aussi de la partie. En attendant, on aura passé une superbe soirée, grâce en grande partie à la gentillesse et l’hospitalité de Brigitte. Il suffit de presque rien parfois…
Alors si vous sonnez un jour à « la Casa de los Musicos », que vous entendez vibrer des cordes de guitare en passant sous la porte, que vous voyez un chat, puis deux, puis trois, et pas loin derrière un vieux couple d’amoureux avec un grand sourire, vous pouvez être surs d’avoir choisi le bon endroit.

7 Replies to “ÉTAPE 30: SAN PEDRO DE ATACAMA”

  1. Que de souvenirs en voyant ces photos ! Sans Pedro de Atacama, là où il ne pleut que tous les 80 ans ! (sic!) là où nous avons eu des pluies diluviennes, routes coupées, sites fermés, hôtel accessible avec les fesses dans l’eau pour passer le ruisseau…Mais nous avons fait la vallée de la Lune, à vélo ! En revanche, il n’y avait personne !! et Salinas Grandes, quelle merveille ! Là enfin, il faisait chaud, comme j’aime !! Vos photos et commentaires nous enchantent toujours. Ce sont de sacrés souvenirs que vous vous tricotez, là.
    Nous savions que Lolo était un peu bandite, mais à ce point !!
    Vous avez des têtes réjouies qui font plaisir à voir ! La photo de Tom et Clémence dans les geysers est superbe ! Bonne suite à vous, mes chéris et à bientôt le plaisir de poursuivre votre périple !

  2. Tu as chère Laurence vu le zèle persistant de fonctionnaires de régimes post-totalitaires où l’on est tjrs coupable de quoi que ce soit. Le chapeau te sied amigo Étienne. J’ai encore le mien.

  3. J’ai trop hâte pour vous savez quoi (Cuba). Mais en tous cas moi dans mes rêves je me sens bien là bas. Je pense à cette eau translucide à ce soleil bien jaune, je pense que sa va être le deuxième plus beau voyage de ma vie et que sa va être trop bien, pas vrai maman et Garance ?
    Moi :-Je pense qu’il vont adoré, comme moi ! 😉
    Mais je suis un peu déçu de ne pas voir Thomas et de rencontrer Clémence… 🙁
    Bisous

    Martin