ÉTAPE 35: CUBA

ÉTAPE 35: CUBA

Du jeudi 15 février au jeudi 16 mars 2018

J’ai commencé à rêver de Cuba à l’adolescence.. à l’âge des sacs US avec « Mort aux vaches » et le visage du Che en effigie !!
Ce pays me fascinait et m’attirait pour sa révolution, ses héros mais aussi sa musique, son soleil et ses couleurs.
Je me suis dit qu’un jour j’irais là bas..
Et bien ça y est j’y suis !
Le soleil est là, la musique aussi.. Enfin !! Après 5 mois de Despacito, on en rêvait de la salsa cubaine !
Les couleurs aussi sont au rendez-vous, et le Che affiche son visage sur tous les murs aux cotés de son copain Fidel..
Pourtant nos premiers pas à Cuba sont compliqués et nos sensations déstabilisantes..
De fait il nous est tout autant difficile de faire le tri dans nos émotions et nos images pour relater ce séjour.
Alors nous allons changer de forme pour notre récit, en tentant d’être le plus fidèle (ah ah ah !!!) à nos ressentis..
Bon voyage !
(Et vous avez le droit de le lire en plusieurs fois parce que c’est long…)Le premier choc se produit dès notre arrivée à l’aéroport de la Havane. Le contraste avec celui de Quito en Equateur, est saisissant. Là-bas, tout était parfaitement clean, les lieux comme les gens. Ici, on a changé de monde.. Le principal marqueur dans ces cas-là, ce sont les toilettes…
Mais le plus déconcertant reste la tenue des hôtesses chargées de vérifier nos bagages: Tailleur uniforme kaki, jupe ras du bonheur, et surtout bas résilles blancs ou noirs, souvent troués, du meilleur effet.
On ne peut pas dire que ça respire la grande classe, surtout quand l’une d’elles ne peut réprimer un immense bayement sonore à notre passage.
Bienvenue à Cuba…

À Cuba,  le temps s’est arrêté…

A la Havane, les rues sont pleines de vieilles voitures américaines des années 50, certaines refaites à neuf et rutilantes pour promener les touristes..

Et d’autres complètement délabrées que les cubains réparent inlassablement.D’ailleurs nous n’avons pas échappé à la règle et on l’a fait notre tour en Chevrolet.. rose bonbon !!

Voiture extra, on s’est pris pour des stars pendant 10mn et après on a bien regretté parce que c’était vraiment ce qu’on appelle un attrape couillon !!!!Les voitures sont d’un autre temps, mais aussi les télévisions, les téléphones, la radio qui diffuse des programmes d’état..
Nous restons interloqués et décontenancés devant les magasins d’un autre monde, notamment à La Havane.
Des magasins vastes et gris, où quelques produits se battent en duel, souvent un seul en plusieurs exemplaires ,où la lessive côtoie le boulon ou le balai, où le neuf côtoie le recyclé et où on achète ce que l’on trouve plutôt que ce que l’on cherche !!

On y travaille à l’ancienne, dans une ambiance beaucoup moins exotique et colorée qu’on ne se l’imaginait !De nombreuses librairies dans la ville, avec beaucoup beaucoup de littérature sur le Che et Fidel..
De loin étonnamment on pourrait croire que les rayons sont vraiment bien fournis.. mais de plus près le choix se révèle quelque peu limité !!Les « magasins » d’alimentation qu’on arrive à trouver dans les quartiers plus populaires ou dans les villages ressemblent à des comptoirs de marché dans des petites pièces toute sombres où se battent en duel 3 tomates et des morceaux de poulet ou de porc.. Là encore déconcertant parce qu’on n’arrive pas à comprendre comment les cubains s’achètent de quoi faire à manger..C’est moins vrai en dehors de la capitale.
Même dans le Sud, réputé plus pauvre que le Nord, il y a plus de magasins qui sont mieux fournis avec plus de choix.
Néanmoins ce qui s’apparente à un supermarché ici est très loin des nôtres et on mesure à chaque instant combien les cubains manquent de tout !
On est sans cesse sollicités pour donner des produits d’hygiène comme le simple savon.
Par contre il y a une denrée qu’on trouve partout, tout le temps et pas cher c’est le Rhum !!!Très vite, nous découvrons les joies de l’internet à la cubaine.. On réalise à quel point il est évident pour nous de tout régler en un clic !!
Ça commence par faire la longue queue devant ETECSA, LE réseau du pays..
D’ailleurs on remarque vite que faire la queue ici est élevé au rang de sport national !!Les cubains la font partout et tout le temps ! Pour rentrer dans les magasins, où ils ne peuvent pénétrer que quand quelqu’un en sort.. dans les banques, les postes, les administrations et pour prendre le bus !
Ensuite avec sa petite carte d’1h ou de 5h de communication c’est la quête de la place dotée d’une borne. Et on les remarque vite car tout le monde s’y entasse les yeux rivés sur son téléphone.Par contre ils ont bien pensé les choses car ce sont généralement des petites places pleines de verdure et de petits bancsLe soir c’est génial, ça nous rappelle les champs de lucioles de la Vallée du Pati dans la Chapada Diamantina au Brésil !

Cuba, terre d’architecture et de contrastes

La Havane est une ville magnifique. Etienne dit que si elle était totalement restaurée ce serait surement la plus belle ville du monde..On sent un passé d’une richesse inouïe, l’architecture est partout somptueuse..

De grandes fenêtres, des balcons, des portes en bois ou fer forgé.. Derrière lesquelles se cachent des patios extraordinaires…

Lesquels regorgent de trésors.. statues, fontaines..

Même les bâtiments en ruine gardent les signes de leur beauté d’antan.Les palais sont restaurés doucement les uns après les autres…

Et deviennent des hôtels, des restaurants, des bars ou des administrations.. Mais pas des logements!

Dans les immeubles en « attente de restauration » s’entassent des centaines de familles qui vivent dans des conditions épouvantables.Et ce aux pieds des palaces..Les grands hôtels sont refaits dans le style de l’époque, les bars aussi.
 Quand on rentre dans le hall de certains on n’est pas loin de croire qu’on va croiser Hemingway et toute sa bande.. mais déjà pas de cubains à cette époque là !! C’était alors le paradis des américains qui venaient s’encanailler ici, dans tous les sens du terme !D’ailleurs ces halls de grands et célèbres hôtels sont toujours plein de cuir, de bars en acajou magnifiques sur lesquels scintillent les rhums ambrés, plein de fumée de cigares.. et d’américains !!
Dans la Vieja Habana, le quartier historique, les touristes sont partout ! On se doutait qu’il y en aurait on n’avait pas imaginé à ce point !!Sur la Plaza Vieja, on se pose pour boire notre premier Mojito. Pour commencer on le paye 3 fois le prix de d’habitude et on réalise très rapidement qu’il n’y a pas un seul cubain à l’horizon hormis les serveurs et les musiciens..

Beaucoup moins chère que l’hôtel, et tout aussi confortable, la « Casa particular» est le meilleur moyen de se loger aujourd’hui à Cuba. Ça peut être une chambre ou carrément l’étage d’une maison, la plupart assurant les repas, souvent bien meilleurs qu’au resto !
À la Havane, la notre est située dans Habana Central qui touche la partie historique mais qui est un vrai quartier où les gens vivent, donc bien plus populaire, même si les Casas fleurissent à tous les coins de rue.Moins flamboyants et grandioses que dans la vieille ville, les immeubles sont néanmoins très beaux, patinés et colorés.. les rues grouillent, on entend de la musique s’échapper par les fenêtres.. c’est chouette et la lumière est magnifique surtout en fin de journée et le matin tôt.

Le propriétaire s’appelle David et parle français couramment. Avec sa femme Yaris, il a développé une vraie petite entreprise et a tissé un réseau sur toute l’île.. Du coup il envoie ses clients, quasi tous français, à ses adresses dans les autres villes, te fait ton circuit, te réserve tes transports etc..
Une vraie agence de voyage !!Il a un carnet d’adresses long comme le bras et fait vivre une bonne partie de l’île semble-t-il !!!!
Parti d’une casa, il semble en train de racheter tout le quartier…
Visiblement certains arrivent à faire des affaires à Cuba !On retrouve cette richesse architecturale à Trinidad.

Trinidad c’est vraiment la carte postale de Cuba. Le centre historique a été totalement restauré, c’est beau, coloré..

Les rues sont joliment pavées, c’est plein de petites places verdoyantes et ombragées.

Mais on n’entend pas trop parler espagnol, ville de touristes oblige !
Hormis dans sa casa. Nous la nôtre est tenue par Victoria et sa fille. Elles sont aidées par Odalis.
La maison est une jolie demeure coloniale comme il y en a partout sur l’ile.On a la chance d’avoir une petite terrasse sur les toits entre nos 2 chambres.. C’est génial pour le petit déjeuner !

Et quelle vue depuis la terrasse..

La pièce principale dans laquelle on entre au rez de chaussée ressemble comme dans toutes les maisons à un petit musée.Ces pièces sont étranges, on n’y vit pas vraiment.. Elles sont agréables car elles conservent la fraicheur quand c’est la canicule à l’extérieur..

La même à Cienfuegos..C’est le lieu d’exposition des photos familiales et particulièrement celles des « Quince » de la fille de la famille. C’est une grande fête donnée à l’occasion des 15 ans des jeunes filles.
Les parents se saignent pour honorer leur princesse d’un jour et la montrer à tout le quartier.Elle dispose de plusieurs robes de gala, plus brillantes les unes que les autres, diadèmes, perles, coiffures glamour.. La princesse est promenée toute la journée en calèche, en voiture américaine ou en carriole suivant son milieu social !!
Suit une grosse fiesta et les séances photos qui resteront en format géant sur les murs des salons.
A Cuba à 15 ans, on est déjà une petite femme, photographiée avec son « novio » (petit ami)
Et sur ces portraits on ne croirait jamais que cette reine d’un jour n’a que 15 ans !Nous avons bien aimé Cienfuegos, ville moins touristique que les 2 précédentes et donc forcément plus authentique.

Avec ici aussi une remarquable place, pleine de vie.

On aime flâner dans cette ville et juste regarder autour de nous..

Son malecon est le plus beau que nous ayons vu, le mieux entretenu et le plus vivant.

Santiago de Cuba nous a charmés avec ses ruelles de petites maisons colorées qui descendent sur le port.

Elle est plus cubaine que La Havane même si les touristes s’y promènent de plus en plus.

Les maisons sont relativement basses ce qui donne à la ville un caractère aéré super agréable.

Là aussi il y a de splendides demeures coloniales comme la Casa de Diego Velazquez.

Ainsi que des palaces qui surplombent certaines places avec leur bar sous les arcades.

Mais c’est aussi une ville populaire pleine de charme, qui vit en dehors de son quartier touristique.

Et comme toute ville cubaine au bord de l’eau elle a son malecon. C’est à chaque fois un endroit de vie où il se passe quelque chose.

Et des quartiers résidentiels qui contrastent avec le centre ville..

Le cimetière est une œuvre architecturale à lui tout seul. Il est gigantesque et tout de blanc vêtu.

Il abrite des personnages célèbres comme José Marti, héros de la première révolution cubaine, et Fidel Castro…

Ou encore le dernier médecin de Napoléon, et enfin notre préféré, Compay Segundo, l’incomparable papy guitariste du « Buena Vista Social Club » .. qui doit bien se demander ce qu’il fait là au milieu de tous ces généraux et héros tombés pour la révolution.
D’ailleurs sa tombe est quelque peu différente..En terme de contrastes architecturaux c’est certainement Baracoa qui nous marque le plus.
C’est une petite ville, à taille humaine comme on les aime.

Le centre touristique est là encore plein de couleurs, d’arcades, de places, de balcons et de jolies maisons coloniales.

Et puis il y a le Malecon..
Détruit en partie par l’ouragan Mathew il y a 2 ans il n’a jamais été refait réellement et donne lieu à un bord de mer dévasté et lugubre à certains endroits.

C’est bien entendu le quartier le plus pauvre de la ville que l’on y trouve.

Le contraste est saisissant.

On voit que les gens travaillent peu à peu à le refaire mais on a du mal à comprendre ce qui relève d’un investissement national ou d’initiatives privées.

Au milieu des « travaux » on trouve surtout beaucoup de personnes qui viennent essayer de récupérer tout ce qu’ils peuvent dans les gravats, notamment la ferraille.C’est très compliqué de comprendre la politique du gouvernement cubain en ce qui concerne l’entretien de l’habitat et de la voie publique. Ca ne semble pas être sa priorité au regard de l’état catastrophique de certaines routes, même celles menant aux sites les plus touristiques.Un médecin urologue reconverti en taxi pour gagner sa vie qui nous a emmenés à la Plage de Manguana à Baracoa nous explique désespéré et excédé que les rares cubains ayant une voiture ne se risquent plus sur cette route car ils ont peur de casser une pièce de leur voiture. Il leur serait impossible de la changer compte tenu de son prix.
La route est en effet complètement défoncée, on met une heure pour faire 20 kms !! Elle mène pourtant à une des plages les plus touristiques du coin..
En tout cas nous, le malecon de Baracoa, malgré son petit air de Beyrouth, il nous a conquis!

Il y règne une vraie atmosphère.. familiale, amicale..

Perchés sur notre balcon devant la mer, chez l’adorable Camilia, on observe la vie du quartier.

Les enfants qui jouent, les hommes et les femmes qui se retrouvent le soir sur le muret pour discuter et boire un coup !Les pêcheurs à la ligne et à pied..

Cuba, terre d’eaux

On s’est baigné avec délectation dans les eaux de Cuba, qu’elles soient salées ou douces.
Nous n’avions encore jamais vu de plages pareilles, même au Brésil !!
Les plus belles cartes postales se trouvent dans les « cayos », petites îles autour de la grande île !C’est là qu’on trouve une eau allant de la pure transparence, passant par turquoise puis émeraude avant de finir bleu marine sur la barrière de corail qui trace une frontière d’écume blanche à l’horizon.Les plages sont de sable doux et blanc et la végétation se mue en statues naturelles pour plaire à l’objectif..Sensation de paradis…

Notre coup de cœur c’est Cayo Jutias dans le nord est de Viñales..

Même si la sensation de zénitude ressentie en se laissant bercer par les vagues sur le filet du catamaran nous menant à Cayo Macho est assez incomparable !!

Jusqu’aux éclaboussures qui viennent à point nommé pour nous rafraichir lorsque le soleil se fait un peu fort..

Les plages du continent sont moins spectaculaires mais la Playa Ancon à Trinidad est quand même assez sublime !!

Playa Larga, plus petite, plus simple mais terriblement attachante nous enchante..

Ses eaux sont calmes et bleues le matin..
Peu à peu, la marée montante amène un léger vent, des vagues et la couleur de la mer devient cuivrée, presque rouge par endroits..Playa Larga, c’est un village au bord de la mer, des casas sur la plage, les mojitos en regardant le large, les châteaux de sable et les éclats de rire de Garance et Martin dans les vagues..

Le genre d’endroit où on se verrait vivre..

Playa Larga, c’est un moment de zénitude..

Où la nature est sauvage et préservée par ses habitants,

Et où les eaux sont transparentes, pleines de poissons et de plantes aquatiques qui nous font passer un vrai moment hors du temps.. le merveilleux monde sous marin..

On est tout en amour dans ce petit village,

On a failli prolonger notre séjour avec Val et les enfants et y revenir avec Etienne..

Dans le sud, c’est dommage que la Playa de Baracoa soit si peu entretenue..
Pourtant c’est le paradis pour se baigner, une immense piscine bleu turquoise qui n’attend que nous !!
On n’a plus qu’à plonger,Dormir,Bronzer,
Ou encore pêcher..

Mais à Cuba, l’eau n’est pas que salée..il y a de nombreux et impressionnants rios qui se jettent dans la mer.

Et il y a également les piscines naturelles au pied des cascades comme ici à El Nicho, entre Trinidad et Cienfuegos.

Superbe ballade…

Et sensation inoubliable que ce bain dans cette eau froide et transparente.. Douceur et fraicheur de l’eau de montagne, bien-être et purification ! Un vrai moment de bonheur.

Cuba est certes une île mais elle n’est pas que plages loin de là.

Traverser le pays Aller/Retour à la vitesse des bus cubains, nous a permis de découvrir une île montagneuse et agricole.

La région du nord autour de Viñales nous a beaucoup plu.
On y trouve les « mogotes », sorte de collines calcaires nées là où, il y a très longtemps, la mer était présente.

Ces collines comme surgies de nulle part sont très particulières et abritent une flore abondante et variée.

Et une « faune » qui ressemble un peu à la nôtre…

Avec des noms parfois évocateurs comme cet arbre qu’on appelle l’arbre du diable ou l’arbre de la belle mère.. devinez pourquoi ??
Rien à voir avec la mienne, ça c’est sûr!!!
Aux pieds des Mogotes s’étendent les plantations de tabac.

On n’a pas résisté à en ramener quelques uns maintenant que les cubains ont le droit de garder 10% de leur production pour leur consommation ou pour le vendre.. Sinon c’est l’état qui leur achète leur marchandise à des prix fixés chaque année et non négociables…

A côté du tabac, le café, excellent..

Il y a aussi des montagnes dans le sud, vers Chivirico dans la Sierra Maestra là où Fidel et ses troupes avaient monté leur campement pour préparer la révolution.
Ici elles se « jettent » dans la mer.La végétation foisonne dans sa moiteur tropicale…
Ça nous rappelle beaucoup certains paysages d’Equateur et c’est une nature qui nous plait beaucoup.

On n’aurait jamais imaginé qu’il existait autant de nuances de vert différentes dans notre monde..Le village de Chivirico c’est la montagne, la campagne et la mer réunies…

On traverse de nombreux villages comme celui-là, qui nous donnent vraiment envie de nous arrêter et de découvrir la ruralité de Cuba. Mais trop compliqué en bus.. ce sera pour une prochaine fois..
Et sinon, voici le fameux coq qui aura hanté toutes les nuits cubaines d’Etienne !!

Cuba, terre de Lumière,

Comme depuis le début de notre voyage, la lumière ne cesse de nous enchanter de ce côté là de la planète. Cuba n’échappe pas à la règle, voire elle la magnifie.La lumière de Playa Larga danse encore dans nos yeux.

Assister progressivement à un lever de soleil en direct sur la mer, seule à 6h30 sur la plage..
Juste magique.

Lumières du petit matin..

Lumières de fin d’après-midi

Et de début de soirées..

Difficile de choisir son moment, mais celle-ci est ma préférée..

Cuba c’est aussi l’arnaque ou l’embrouille à tous les coins de rue…

Tous les jours, ou presque il faut batailler pour ne pas se faire arnaquer !!
Le prix demandé n’est absolument jamais celui fixé au départ..
Ton taxi est un camion..
Ton chauffeur n’est pas ton chauffeur, c’est son cousin, son frère.. La famille quoi !!
Les plats et boissons affichés sur la carte du resto n’existent que sur le papier ! Un soir on quitte un bar à Santiago après avoir tenté de commander une Pina Colada, puis un Mojito et enfin une Caïpi..
Une carte longue comme mon bras et au final il n’y avait qu’au choix: bière ou Cuba Libre..
Rien n’est jamais « claro », toujours on se retrouve devant le fait accompli..
Les mecs n’ont jamais de monnaie pour te rendre la tienne Ou il manque souvent quelques pièces..
Ou ils te rendent en CUP, la monnaie locale, ce que tu as payé en CUC (qui vaut 25 fois plus)..
Là c’est le pompon !!

Lolo dépitée après une énième arnaque…

Il y a toujours un petit gars trop sympa sur ton chemin pour t’aider, te guider, te flatter, te la jouer copain copain.. Au début tu ne te méfies pas, tu y crois !
Et effectivement nous sommes sollicités toutes les 5 mn et n’importe quel échange se termine par une demande d’argent. Ça peut même être légèrement agressif..
A la Havane, un jeune a voulu nous emmener dans un resto, où on n’a pas voulu entrer. Il nous a demandé 1 CUC pour le « service ». On n’avait pas de monnaie et on lui a dit qu’on lui donnerait éventuellement après manger, si on le recroisait, sur la petite place à côté. On marche un peu et on entre dans un bar, pensant s’en être débarrassé. 5 mn après la serveuse vient nous voir pour nous dire que 2 gars nous attendent dehors et nous demande si on les connaît !! Parmi eux, le jeune en question venu réclamer son CUC !
Tu réalises en regardant ton addition que tu te retrouves à payer le repas de personnes avec lesquelles tu pensais avoir mangé en toute « amitié », avec qui tu as discuté et fait des projets.. et qui sont partis, l’air de rien, avant que la cuenta n’arrive !!
Ça nous est arrivé à Chivirico dans le sud. Ce jour-là Pocho, l’un de nos « invités » en question, a pris pour tous les autres !! On lui a expliqué assez sèchement à quel point c’était difficile pour nous ce rapport faussé, toujours tourné autour de l’argent.. où le prix n’est jamais le prix annoncé, où la notion de contrat n’a pas de valeur, où on a l’impression d’être juste des porte monnaie et que ce n’est pas ça qui nous intéresse dans le voyage.. Qu’on ne voulait plus le voir, qu’on ne lui donnerait rien et que nous voulions être seuls.
Il a écouté.. et il nous a laissés.
Et puis il est revenu le lendemain et nous a dit qu’il avait été très blessé de nos propos, qu’il ne voulait pas que nous le prenions pour une mauvaise personne, qu’il avait envie de nous connaître et qu’il aurait aimé nous faire découvrir sa région et sa famille..C’était trop tard puisque nous repartions. On ne saura jamais s’il était sincère ou pas…
Mais comment lui en vouloir, à lui et à tous les autres ?
C’est aujourd’hui la réalité cubaine. Ils n’ont rien et traquent le moindre CUC. Le touriste représente LA manne et chacun veut sa part du gâteau.
Osmani, le taxi qui nous a conduit avec Valérie, Garance et Martin sur toute la partie ouest de l’île, est ingénieur chimiste de formation.
Mais pour lui, il n’y a pas photo dans son choix de « survie »! (comme le médecin urologue à Baracoa)Un dimanche matin, à Playa larga, il y avait une femme dans notre voiture. On a compris au bout de quelques minutes que c’était sa femme à lui (par déduction, parce que comme d’habitude il n’y a pas eu de présentation…) Il était allé la chercher chez lui à Cienfuegos, pour passer une partie de son dimanche avec elle. Seule façon pour qu’ils se voient un peu.Elle s‘appelle Daisy, est psychothérapeute, gagne 40 CUC par mois (environ 35€!)
A titre de comparaison, le périple d’une semaine avec Osmani nous aura coûté environ 400 CUC. 10 fois plus donc…

Partout sur l’île les Casas pour touristes fleurissent, et même en haute saison l’offre semble maintenant dépasser la demande. Dans les villes tout le monde s’improvise bicy-taxi, guide, vendeur de cigare ou de billets à l’effigie du Che.

On repense à notre arrivée à Baracoa où dès notre descente du bus on fut accosté par une nuée de solliciteurs en tout genre, rivalisant de prix compétitifs ! A la fois drôle et terriblement déprimant…
Sur certaines plages, impossible d’avoir le moindre répit, quand on entend toutes les 5 secondes : « Olà ! where do you come from ? »
Au bout d’une dizaine, on finit par être franchement désagréable. Et finalement, en voyant s’éloigner le bougre avec sa tête de chien battu, on regrette de ne pas lui avoir acheté sa noix de coco pour quelques centimes.

À Cuba, tout est TELLEMENT compliqué! 

Surtout, on sent poindre à terme le retour de bâton… En ce moment, Cuba est une destination à la mode.
Ceux qui viennent ici sont sans doute curieux de voir comment se transforme le pays, en imaginant que la mort de Fidel a changé quelque chose. Mais au final on a croisé beaucoup de gens excédés comme nous ! Et qui ne vont pas faire une bonne publicité !
Alors certes, on ne connaissait pas le Cuba d’avant et on devrait se réjouir de cette petite ouverture aux étrangers. Mais à moins d’être TRÈS riche et de squatter les immenses hôtels sans âme de Varadero ou Cayo Coco aux plages paradisiaques (et dans ce cas, on ne voit absolument pas ce qu’est réellement le pays), la « découverte » de l’île se révèle être un vrai parcours du combattant pour le voyageur lambda. Ici tout est infiniment compliqué… Surtout concernant les transports !
La journée du 2 mars restera dans nos mémoires comme l’une des plus ubuesques de notre vie.
L’après-midi Valérie, Garance et Martin reprenaient leur avion pour la France tandis nous devions prendre le bus de La Havane pour Santiago, à l’autre bout de l’île.
Voyant s’inquiéter Valérie pour des annulations de vol précédents et d’éventuelles procédures, David, l’hôte de la Casa se marre : « Ce sera 10 fois plus simple à l’aéroport que pour Etienne et Laurence avec Viazul ! »
Viazul, c’est la compagnie de bus locale, la seule pense-t-on alors..Il y a un bus à 15h pour Santiago mais on n’a pas nos billets. David nous recommande d’y aller 2h avant. En espérant qu’il en reste.. ou qu’il y aura des « désistements » comme cela semble arriver. Il nous dit aussi que pour monter « en priorité », ne pas hésiter à glisser un petit billet à la bonne personne.
Le problème est qu’on ne saura jamais qui est cette personne.Le problème surtout est que la plupart des personnes qui travaillent dans ce terminal semblent ne servir à rien. A part gueuler quand on stationne trop longtemps devant leur guichet…
Impossible d’avoir un billet, encore moins un renseignement clair.. On comprend vaguement qu’il faut effectivement attendre jusqu’au dernier moment que des places se libèrent. Mais il y a déjà 6 personnes avant nous..
On croise 2 grands escogriffes estoniens, qui paraissent aussi paumés que nous.On se dit que si l’on ne peut pas monter, on pourra toujours partager avec eux un taxi collectif, plus cher certes mais aussi plus rapide..
A 15h, une information tombe enfin.. Il y a des désistements mais seulement… 6 ! Super…
Au passage, on constate que les 2 estoniens, qui étaient là bien avant nous, auraient du monter dans ce bus ! D’autres petits malins arrivés après ont sans doute su à qui glisser le billet…
En quête d’un taxi donc.. On dit OK à un gars pour 16h en fixant un prix. Mais à 16h personne… On le retrouve devant la station. Il semble nous avoir oubliés, ou a du trouver un meilleur deal ailleurs.
À 17h, Un type un peu louche, verre de rhum à la main, propose de nous emmener. On refuse, pas trop rassurés…
Un rabatteur nous branche sur un autre gars mais quand il arrive 1h après, il demande 50 CUC de plus que le tarif initial !
A 19h, les estoniens renoncent, et choisissent une autre destination..
Nous, au point où on en est, on choisit d’attendre ici le bus suivant. A 22h…
Entre temps on a croisé Lauren, une française un peu déjantée, avec qui on va vider plusieurs bouteilles de rhum à la cafétéria de la station. Dans ces moments-là, autant boire..Surtout dans ce décor..Vers 21h, miracle.. On parvient à obtenir 2 billets. Et à 22h, deuxième miracle, on est bien dans le bus ! Après 9h « d’attente », C’est donc parti pour 15h de route, dans des conditions bien moins confortables que les bus sud-américains.
Bref, on avait une sale gueule en arrivant à Santiago…

Pour notre retour à la Havane, on avait donc décidé de prendre les billets à l’avance. Mais à Baracoa ce fut encore une vraie galère. Le difficile accès à Internet rendant les choses encore plus compliquées..
Après avoir constaté à regret qu’il n’y avait pas de trajets en avion disponibles (on était prêt à mettre le prix pour s’épargner la même journée qu’à l’aller !) on a fait 15 allers retours dans les différentes agences de voyage de la ville, pour finalement tomber sur une jeune femme souriante, bienveillante et efficace, qui fut comme un oasis au milieu d’un désert ! Ça existe ici donc!!
En une heure (il faut quand même le temps de faire par téléphone diverses démarches «administratives» pour respecter les procédures !!!), nous avions nos billets pour Santiago et la Havane, ainsi que la réservation de nos deux dernières nuits d’hôtel avant notre départ pour Mexico.
On n’en croyait pas nos yeux! Ci-dessous notre bienfaitrice… Jamais on aura lâché 10 CUC de service avec autant de plaisir !
Au passage, il y a bien une alternative à Viazul. Les compagnies Transtur et Gaviota desservent la plupart des villes cubaines. C’est le même prix et le service est meilleur. Mais il faut vraiment chercher pour avoir l’info ! Priorité à Viazul, la compagnie nationale. Qui risque de pas mal souffrir avec l’arrivée de cette concurrence..
Vous l’avez compris, prendre un bus est un vrai casse-tête.
En plus, dans pas mal d’endroits sur les côtes, les plages sont éloignées des villes. Il faut donc encore payer si l’on veut se baigner (rare exception Playa Larga !)
Le vrai luxe, pour être complètement autonomes et sortir des sentiers touristiques, est de pouvoir louer une voiture. Les tarifs prohibitifs nous ont dissuadés mais si c’était à refaire..

Cuba terre de slogans… 

Hasta siempre la victoria
La forza es nuestra unidad
Yo soy Fidel
Des mots à la gloire de Fidel, du Che et de la Patrie mais aussi des phrases qui prônent la solidarité, la liberté l’égalité, notamment des hommes et des femmes ..
Paroles toutes faites, répétées à l’infini comme une longue litanie.. gravées sur tous les murs du pays.. de la ville à la campagne, sur les bords de mer, sur les flancs des montagnes,

Sur les maisons données par l’état, jusque sur les carrioles tirées par les chevaux ou sur les devantures des magasins d’état..

Même à coté des Stones !!
Mais derrière ces mots, qu’y a t-il ?
Des phrases qui finissent par sonner creux tellement certaines idées sont loin de la réalité quotidienne des cubains.Comme s’il fallait se persuader inlassablement que le pays est fort, puissant, solidaire et égalitaire où les gens sont libres.Des emblèmes à chaque entrée de ville ou de village, places de la Révolution, énormes, gigantesques, monumentales..

Des musées dans les villes à la gloire des héros de la révolution.

La relève de la garde du mausolée de José Marti au cimetière de Santiago..
La grandiloquence qui frise le ridicule.

Cuba ou l’URSS sous le soleil..Des enfants, à Santiago, lors d’une « kermesse » qui récitent des textes à la gloire des héros révolutionnaires.On a envie de plonger dans les livres d’histoire cubains pour savoir ce qu’ils apprennent sur leur pays et sur le monde.

On a le sentiment d’être gavé à l’effigie de Fidel et du Che et de Cienfuegos..D’ailleurs lui, il a fini assassiné.. et Fidel pourrait ne pas être étranger à sa disparition..comme tous ses « amis » révolutionnaires qui commençaient à le trouver pas très démocrate et à contester ses méthodes!!

Avec cette overdose d’images, on finirait presque par publier que nous aussi on est gavé chez nous!!
De publicités en tout genre qui font de nous des consommateurs sans cerveau!! Ici pas de publicité!!

… et terre de silence

Mais surtout on sent ici une énorme chape qui pèse sur les gens.
Jamais au cours de ces 6 mois de voyage, il n’a été si difficile de parler et de se comprendre..
A Cuba, on tait sa pensée ou du moins on se cache pour l’exprimer !
Ainsi Mita, notre hôte à Vinales me parle en italien de société et de politique, en me faisant signe que les murs autour ont des oreilles !
Le soir où elle nous prépare une langouste, elle ferme les volets et les portes avant que l’on passe à table.. Ça pourrait jaser…Faut dire que ça a l’air d’être une grande gueule Mita, peut-être que d’avoir vécu 14 ans en Italie lui permet de considérer les choses un peu différemment..
On parle de l’élection à venir, dimanche 11 mars pour la succession de Raoul Castro.. « Quelle élection ? Ce n’est pas la nôtre !! ». Il est vrai que sans opposition politique, avec donc un candidat unique c’est quand même un peu fort de parler d’élection !
Ça les concerne pas vraiment donc..
Eux le pouvoir qu’ils subissent vraiment c’est celui du quartier..Les Comités de Défense de la Révolution (rien que la dénomination fait trembler !!) régissent la vie des habitants à l’échelle du quartier.
Ils savent absolument tout de ce qui s’y passe et sur chacun.. et suivant les endroits les CDR sont plus ou moins répressifs. Ils peuvent parfois se comporter comme des milices.
Des « policiers » en civil infiltreraient les espaces communs extérieurs pour surveiller ce qui s’y dit
On comprend mieux pourquoi Mita se méfie..Une parole sous contrôle qui sonne faux et qui fait peur car on sent l’embrigadement et le bourrage de crâne.. Alors quand elle se libère ça va tout de suite mieux..

Extrait de notre conversation avec Pocho à Chivirico,  la plus profonde que nous ayons réussie à avoir avec un cubain !.
– Fidel est un héros pour toi ?
– Si claro ! Fidel est le père de la révolution cubaine
OK mais il y a quoi de positif de la révolution aujourd’hui ?
– L’éducation et la santé gratuites.
OK et quoi d’autre ?
Et là, d’un coup, après avoir validé qu’il ne pouvait être entendu dans ce coin reculé, le discours change, radicalement:
– On n’a rien.. on ne peut pas s’acheter de vêtements, de voiture, de maison.. on ne peut pas aller au restaurant, dans un bar. Là tu m’offres un verre de vin mais moi je ne peux pas me le payer. On ne peut pas voyager, obtenir un visa c’est trop compliqué.. Y a des endroits où nous les cubains nous ne pouvons pas aller.. A Cuba tout est fait pour les touristes, pas pour les cubains.
– Comment c’est possible que vous ayez des salaires aussi bas ?
– C’est l’économie qui est faite comme ça. Tout pour l’éducation, la santé et les touristes.
Pourtant vous avez beaucoup de richesses à exploiter dans le pays ?
– Oui, beaucoup ! On a le tabac, le chocolat, le café, des bananes, du nickel et un peu de pétrole. Beaucoup beaucoup de richesses.
– Alors ce n’est pas vraiment un problème économique mais plutôt politique non ?
– Oui c’est ça c’est un problème politique. On est coupé du monde, on n’a des relations qu’avec le Vénézuela..
– Mais pourtant tu dis que tu admires Fidel, que c’est un héros ?
– Je sais mais on ne peut pas parler ici, les gens ont peur. La police écoute tout…
Tu crois que les choses peuvent changer ?
– Non ça ne changera jamais. On n’a pas de liberté d’expression, je ne peux pas aller sur la place et dire que je suis contre le gouvernement. Rien ne changera jamais, c’est Cuba c’est comme ça ! »

La musique, une autre manière de s’exprimer

Alors, pour que la vie reste douce malgré tout, il y a la Musique… Elle est présente partout, dans la rue, sur les places, devant et dans les bars, dans les maisons.

Quand les groupes veulent bien donner autre chose que « Guantanamera » ou « Hasta Siempre » c’est tout de suite le bonheur…On vibre au rythme des percus, cuivres, guitares et chants. Les voix ont un timbre particulier qui fait que tu reconnais cette sonorité cubaine entre toutes.

Ce qui est génial c’est de voir et d’entendre le bonheur et l’enthousiasme avec lesquels ils font de la musique, dansent et chantent…

Les formations sont souvent mixtes et intergénérationnelles et ça c’est top aussi !

On a passé un très chouette moment musical à Cienfuegos au resto Les Gardeñas où se produit tous les soirs un duo de musiciens chanteurs. Ils jouent tout en délicatesse et harmonie des standards mais pas que.. Musique teintée de blues et l’envie de partager.

On s’est essayé à la Salsa dans les clubs de Santiago.. Là c’est chaud bouillant..

Et pour une fois ce sont surtout les femmes étrangères qui viennent chercher de l’exotisme..
On recroisera plus tard à Baracoa un de ces couples improbables du temps d’un voyage.. Madame blonde américaine autour de la cinquantaine bien tassée qui boit son rhum à la bouteille sur la piste au bras d’un jeune cubain chic dont le déhanché te donne des frissons..
Des Casas de la musica il y en a partout, pas un soir sans concert.. si ce n’est pas dans un, c’est dans un autre..
Ou alors c’est dehors, soit en live soit sur les places où les jeunes installent leurs énormes enceintes et font péter le Reggaeton pendant des heures !
Les cubains manquent de beaucoup mais pas de son !!
Et les enfants ne font pas que réciter des textes patriotiques..Dès le plus jeune âge c’est dans la peau que ça se passe !

La musique ici c’est de l’expression et du partage..Comme à Playa Larga où les musiciens se font plaisir à jouer avec un chilien, un brésilien et même un français qui nous fait découvrir la guitare « boite à cigares » qu’utilisaient les esclaves..

Peut-être le plus beau moyen d’expression au monde..qui réussit toujours à échapper au contrôle..
Même Etienne a été gagné par le virus de faire de la musique avec n’importe quoi et n’importe où..

Cuba, terre de cubains

 Cuba ce sont des visages, des postures..

Des gens qui travaillent..

Des métiers qui chez nous n’existent plus ou n’ont jamais existé !!

Des gens qui nous ont accueillis et accompagnés, avec qui on a essayé de parler même lorsque ce n’était pas simple..

Qui nous ont appris..

Des gens avec qui nous avons partagé nos questionnements et nos histoires de voyage le temps d’une soirée,

Des coiffeurs dont Martin se souviendra..

Sous l’œil inquiet et attentif de sa sœur et de sa mère !!

Mais Etienne n’est pas en reste!!

Et 2 chiens parmi tous les chiens cubains croisés… 1 pour moi,Et 1 pour Etienne,

Cuba, terre de jeu

Des gars qui jouent au ballon ou avec une balle, on voit ça tout le temps ici !! Et à chaque fois ils ont leurs supporters..
Le Base ball est le sport national à Cuba! Il supplante le foot… Mais oui c’est possible !

Le foot existe quand même rassurez-vous.. comme tous les enfants et jeunes du monde, des terrains s’improvisent partout et certains sont plutôt sympas..

Etienne a même réussi à regarder PSG/REAL avec Raoul et sa femme à Santiago !!Le volley aussi se pratique sur les plages à Cuba, mais pas que..

Les hommes adorent jouer aux dominos sur les places des villes et des villages, un peu comme dans tous les pays que nous avons traversés d’ailleurs.

Cuba, terre de cuisine (?)

On ne peut pas dire que la cuisine cubaine nous ait transportés.. on peut même dire qu’à la fin on en avait franchement marre !!!
En fait on mange toujours la même chose : Poulet, porc, crevettes, poisson ou langouste, servis grillés ou en sauce avec du riz, des haricots noirs, des bananes plantains, du choux, des tomates et des concombres. Le tout avec peu de saveur..
Il est quasiment impossible de trouver une autre cuisine, à part quelques pâtes et pizzas..pas bonnes !!
Mais il y a quand même quelques spécialités qu’on retiendra :Le cucurrucho, sorte de pâte de fruits molle, faite de coco, orange, goyave et miel.. un délice !Les Chicharritas ou Tostones (chips de banane), natures..Ou aux crevettes avec petite sauce aillée.. pas mal à l’apéro !!

La Langosta, nous on la préfère grillée avec un filet de citron.. enfin quand on trouve des citrons, la plupart du temps c’est un jus type Pulco.. parce que des citrons il n’y en a pas partout, c’est même une denrée rare.

Les Crepas de Victoria à Trinidad, sorte de petits pancakes au miel que Garance a appris à faire..Les enfants et Etienne se sont régalés de Jugo de Piña(ananas) tous les jours.
Et Garance est tombée en amour pour la Cocofraiche  ou en Piña colada!!!

C’est dans les casas qu’on a le mieux mangé, qu’on a découvert les Croquetas (type accras), les beignets de maïs ou de bananes, et la Yucca(ou manioc) qu’on mange juste cuite à l’eau ou frite, délicieux !!
On a bien aimé la sauce particulière du sud, la Salsa Santa Barbara, faite de lait de coco, gingembre et épices que l’on peut manger avec poissons, crevettes et poulet mais aussi végétarien.On a découvert la viande de crocodile, goût entre le poulet et le poisson.. ça n’a pas fait l’unanimité !!Nous avons aussi apprécié la  Ropa Vieja , sorte de daube à la cubaine, avec une viande complètement effilochée confite dans de la tomate, des oignons, des épices..

On s’est régalé dans un petit resto local, sur la route à côté de El Nicho où Osmani nous a emmenés..
Que des produits naturels, tout fait maison..

D’ailleurs le cochon de la maison, lui, ne sait pas ce qui l’attend !!Grâce à Garance, on a retrouvé le goût du fromage..Mais finalement ce qu’on a préféré ce sont les cocktails !!!
Mojito ou Caïpi (faite au rhum blanc) pour moi, et Piña Colada pour Etienne..Et les rhums ambrés qui accompagnent la musique !

Cuba terre d’avenir..mais lequel ?

 Vous l’avez compris, Cuba nous laisse un peu sur notre faim et pleins de questions.Ce pays a un potentiel énorme, et ce à tous les niveaux.
Les cubains sont diplômés, ont des compétences spécifiques.
Ils ont des matières premières, des musiques, des danses.. un patrimoine culturel issu de métissages et d’Histoire tellement riche..
La force magique de la musique..C’est un pays magnifique qu’on se tourne du côté de la nature ou de l’architecture.
Les côtes regorgent d’endroits inexploités qui pourraient s’ouvrir à un tourisme écologique, respectueux de l’environnement et à taille humaine.
A certains endroits, il faudrait juste commencer par nettoyer les plages..
Les cayos, véritables îlots paradisiaques, s’ils revenaient aux cubains pourraient devenir accessibles à un autre type de touristes que ceux des grands complexes « all inclusive » captés par les investisseurs étrangers !! Les montagnes regorgent de cascades, de piscines naturelles, de forêt tropicale, de sentiers de randonnée.. Que de possibilités à exploiter pour faire du tourisme vert, développer les volontariats..Il y a aussi des priorités qui perdurent, comme celle donnée à l’éducation..Bref il y a tout ici.. avec en plus une vraie idée de la solidarité, qui s’observe dans leur manière d’être ensemble, notamment dans l’intergénérationnel.
Et pourtant, combien d’entre eux rêvent d’ailleurs ? Beaucoup de ceux qu’on a croisés.
Ils ne croient pas eux-mêmes que la situation puisse évoluer vers du mieux. Ils sont résignés.
Le cubain n’est pas belliqueux nous disait une de nos rencontres.
« Il faudrait ici une bonne guerre, avec du sang pour espérer que les choses changent en vrai.. Mais le cubain n’est pas dans cet état d’esprit »
Alors ils rêvent.. comme sur ces toiles à Cienfuegos qui nous ont posé beaucoup de questions.. Bateaux de papier qui s’échouent, exil inabouti..

En attendant, coincés dans le système ils traquent le touriste, cherche le CUC, le morceau de savon, le stylo, le tee shirt..
Pour l’étranger, s’il est en capacité de supporter un fonctionnement kafkaïen, sclérosé, plein de procédures, de lenteurs et d’absurdités, il y a tout à faire ici.. du pain, des crêpes, des cuisines, de l’accueil, des activités, du développement local et durable, des projets écologiques etc..
Mais c’est de l’intérieur qu’une nouvelle révolution devrait se faire, une révolution qui rendrait la parole aux cubains, qui leur rendrait leurs terres, leur liberté et des couleurs à leur Che.Une Révolution qui leur rendrait le droit de croire en eux.
Cuba m’a fait longtemps rêver, mais une dictature n’est pas plus belle sous le soleil.
Et ces valeurs magnifiques prônées partout laissent un goût d’autant plus amer qu’elles ont porté des générations à y croire, et bien au delà de Cuba.Un peu comme si on avait été dupé, nous aussi, et solidaires du peuple cubain.
Un jour peut-être les hommes en auront fini d’abimer les idées les plus belles..
Aujourd’hui quand je pense à Cuba, je ne rêve plus et mon cœur saigne un peu.

                                         « Hasta siempre la victoria »

 

 

 

 

 

 

 

4 Replies to “ÉTAPE 35: CUBA”

  1. Les voyages apprennent à relativiser plein de choses.…les plus belles comme les plus moches…
    Les voyages font « grandir » ! Vous allez nous revenir sur des échasses !!

  2. Et bien je suis heureuse d’être la première à commenter ces images, ces paroles…Merci ma Lo.
    Tout y est, tout me revient….les odeurs, la chaleur, les regards, les sons….Ce mélange de sentiments, les questions, les discutions trop courtes….
    Cuba est un pays de contrastes, un pays très particulier oui et qui ne me fait plus rêver, c’est certain. Mais un pays qui me laisse sur ma faim…de comprendre, de découvrir. Et je voudrais y retourner ….car je n’ai pas pu y danser….

  3. Si je n’avais pas mi hermano, grand voyageur et homme intègre vivant toujours chez l’habitant lorsqu’il voyage, ton point de vue m’aurait certainement orienté vers le doute. Mais, de ses voyages à Cuba, de ses amis Cubains et de mes lectures, je sais l’histoire et sa lanterne de corne…L’avantage reste le « sujet » à éviter ( ou pas…) lors de notre prochaine rencontre. Hasta la vista companera Lolo.