ÉTAPE 13: PUERTO MADRYN – PENINSULE VALDÉS

Du vendredi 27 au lundi 30 octobre 2017

« C’est vraiment la Pampa par ici ! »
Depuis que je suis petit j’ai du entendre cette expression des milliers de fois, sur des routes désertes entre Creuse, Corrèze et Haute-Vienne. Cette fois j’y suis en vrai.
Et je comprends mieux…

Dans le bus qui nous mène de Buenos Aires à Puerto Madryn, des kilomètres et des kilomètres de… Rien !
Au mieux, d’immenses prairies où paissent quelques troupeaux. Sinon une végétation d’arbustes sauvages et d’herbes folles à perte de vue.
A la fois terriblement monotone et étrangement envoutant.

Parfois on aperçoit de gigantesques portails, ce sont  des entrées d’Estancias, des propriétés et domaines agricoles grands comme des départements français.
Les chemins qui en partent disparaissent à l’horizon avant qu’on n’ait pu voir la moindre habitation !
Où mènent-ils ?…

Nous voici en Patagonie ! Ça aussi c’est un nom qui nous faisait rêver…
Et qui justifiait presque ce voyage à lui tout seul.

Première étape : Puerto Madryn, une agréable station balnéaire de la côte Atlantique.

Elle ne présente pas en soi un immense intérêt, mais c’est le point de ralliement de quantités d’animaux marins, se réunissant tout près d’ici sur un bout de terre assez extraordinaire : La Péninsule Valdés.

Ce sera notre grand ballade de demain..
Pour l’heure, après une nouvelle nuit de bus, on se contente d’arpenter la grande plage sous le soleil.

On envisage presque de se baigner, mais elle est vraiment trop froide…
Et soudain, on aperçoit au large notre première baleine !

Le début d’une quête qui va durer 3 jours…

A l’auberge de jeunesse « Hi Patagonia » le sympathique Gaston nous accueille. Lui est argentin, mais il semble qu’une grande partie de ses hôtes soient français !
C’est fou ce qu’on en croise depuis qu’on est en Argentine…

Au programme de notre week-end, la Péninsule Valdés donc, et Punta Tombo, l’immense réserve de manchots à 150 kms plus au sud.

Pour ça il nous faut une voiture.
Problème, la plupart des agences de la ville n’en ont aucune de dispo.
Et Gaston qui nous en proposait une par mail quelques jours plus tôt n’en aura pas avant dimanche finalement.

Un peu dépités, on écarte l’idée de l’excursion en bus qui ne nous plait guère, et nous nous apprêtons à renoncer aux manchots.

Quand surgit Thomas « les bons tuyaux », qui après d’ultimes recherches nous dégote une Toyota chez Avis « et moins chère que celle de Gaston en plus !.. »

Samedi matin, Lolo retrouve le volant pour la première fois depuis longtemps. Et avec plaisir !
C’est parti. Cap vers cette fameuse péninsule…

Sur la route, on s’arrête à la plage d’El Doradillo, point d’observation réputé pour les baleines.
Mais la mer est trop basse, on les aperçoit vraiment de loin !

On se promet d’y retourner le lendemain après-midi à marée haute.
La quête continue…

La réserve naturelle de Vadés est mondialement connue pour son innombrable faune marine, mais d’autres animaux s’y prélassent allègrement. Des chevaux, des vaches, des moutons…
Et surtout, celui qu’on préfère (parce que moins habitués à en voir en Corrèze) le superbe Guanaco, sorte de lama beige et blanc à tête noire.

En arrivant sur la côte nord de la presqu’ile, on est immédiatement frappé par la beauté des lieux.
On s’attendait à voir des animaux, mais sans doute pas d’aussi magnifiques paysages.
Le vert, le bleu, le gris se mêlent sous une splendide lumière.

Et bien sûr, ceux pour qui on était venu sont là !

Les éléphants de mer d’abord, avec un énorme mâle qui tente de « séduire » l’une des nombreuses femelles de son harem.
Ça n’a pas l’air de la réjouir plus que ça…
Il faut dire que Monsieur est légèrement pataud..

Sur une lande un peu plus loin, une colonie de Lions de mer, plus petits mais plus nombreux !
Et tout aussi débordants d’énergie…

Pas vraiment glamour cet amas de chair graisseuse, mais cette fois le mâle, dressé sur son séant, peut évoquer une certaine majesté.

Qu’en pense la mouette ?

Rectificatif, sous la houlette du spécialiste Jean-Marie Pierret:
« Qu’en pense le goéland? » (Bec jaune= Goéland!). Merci Jean-Marie!

Puerto Piramides est l’unique village de la Péninsule.
C’est un autre lieu privilégié d’observation des baleines, notamment depuis les bateaux naviguant dans la petite baie.

On hésite un peu mais la ballade est vraiment trop chère. On se contente encore de les observer de loin.. Il ne s’agira pas de louper la marée demain.
Mais maintenant on a le truc pour les repérer: dès qu’on voie des mouettes qui tournoient au dessus de l’eau, c’est qu’elles sont là!

La pluie tombe juste à notre retour à Puerto Madryn.
Ici le temps est extrêmement changeant, on passe par toutes les saisons en quelques minutes…
Témoin ce ciel à quelques minutes d’intervalle…

  

On a évité la tempête de peu et pour nous la journée fut belle : temps clément, animaux présents, touristes absents ! Pour le coup on n’a pas croisé grand monde.
Mais où sont donc les voitures de location qu’on a cherché pendant deux jours? Mystère…

Le samedi soir, l’équipe de l’auberge prépare un Asado (le fameux barbecue argentin !)

La viande est bonne et copieuse (on mange successivement de la saucisse, du boudin, du bœuf, du poulet et de l’agneau !!!), les pommes de terre délicieuses, mais – hérésie pour le français que je suis- elles sont servies APRÈS la viande. Bref, ce n’est pas encore très diététique mais l’ambiance est sympa.

On rencontre un couple de français et leur fille de 20 ans, qui nous refilent quelques tuyaux et adresses d’hôtels pour le sud de la Patagonie, où nous serons dans quelques jours.

Dimanche, levés à l’aube, car on a rendez-vous avec les manchots de Punta Tombo, à 2h de là, et il faut qu’on soit de retour vers 15h pour nos baleines (oui c’est légèrement obsessionnel…)

Dans notre deuxième voiture louée par Gaston, on emprunte une interminable ligne droite à travers la Pampa qui nous rappelle celles de notre périple dans le Grand Ouest américain en 2011.

Les reflets du soleil forment d’étranges mirages sur la route. Lolo adore toujours…

Puis on bifurque sur une petite piste poussiéreuse, où on retrouve encore quelques guanacos qui nous devancent pour notre plus grand plaisir…

Et voici Punta Tombo. Immense réserve au bord de l’océan où se retrouvent chaque année des millions de manchots (qui contrairement aux pingouins vivant dans l’hémisphère nord, ne volent pas. D’où leur nom…)

Encore une fois, le site est magnifique, le soleil au beau fixe.

Dès notre arrivée, sur les passerelles menant à la plage, ces charmantes petites bêtes viennent nous saluer.

Là, Lolo est carrément sous le charme…

Sous des petits arbustes, la « mamanchot » couve ses œufs, à moins que ce ne soit un mâle! Cette espèce animale est bien plus en avance que nous en termes d’égalité hommes-femmes et de répartition des tâches au sein du couple.. Premièrement ils sont monogames et extrêmement fidèles et de plus ils couvent leurs oeufs à tour de rôle pendant que l’autre part faire des kilomètres (jusqu’à 600!) pour rapporter à manger.

Tandis que sur la plage, la question est : « je vais à l’eau ou pas ? »

Un peu partout alentour, plusieurs membres de la colonie sont plantés tels de mini statuettes, attendant de se faire dorer au soleil..

Spectacle assez fascinant dans ce décor de rêve…

Quant à Lolo, elle envisage définitivement l’adoption.

Mais l’heure tourne ! On reprend la route dare-dare, vous savez pourquoi…

Arrivés très légèrement en retard à notre plage à baleines, on constate… qu’il n’y en a pas la queue d’une ! Ni vu de l’observatoire un peu plus haut..
Tout ça pour ça ?
On décide d’aller encore un peu plus loin, sur une autre plage, et là, la foule agglutinée sur le rivage nous redonne espoir…

Mais oui elles sont là ! Et cette fois beaucoup plus près !

Certaines ressemblent vraiment à des créatures de l’espace avec leurs coquillages collés sur elles..

Bon on vous l’accorde, le spectacle peut paraître assez dérisoire : regarder la mer pendant plusieurs minutes, jusqu’à apercevoir soudain une masse noire informe ou un jet surgissant de l’eau…

Mais allez savoir pourquoi, c’est… hypnotisant !

D’ailleurs même cet oiseau au magnifique bec rouge-orangé semble lui aussi hypnotisé…

Le soir, on dine dans Puerto Madryn, au « Barco » pour la deuxième fois du séjour (en hommage à notre inoubliable bar d’Atins…)
La bouffe est correcte, mais on sent déjà que la Patagonie ne nous laissera pas des souvenirs culinaires impérissables.. On espère se tromper !

En tout cas, si nos papilles restent un peu en berne, nos yeux continuent de se régaler !
On a été subjugué par la beauté de cette région.
Comme un avant-goût des paysages grandioses qui nous attendent un peu plus au Sud.

Et là, on est à peu près sûr de ne pas se tromper…

   

PS : C’était notre étape spéciale dédidace enfants.. les petits, les moyens et les grands!
On a beaucoup pensé à vous les lardons !!