ÉTAPE 17: BARILOCHE ET LA ROUTE DES 7 LACS

Du mardi 14 au dimanche 19 novembre 2017

 

On sentait bien que ce trajet allait nous faire faire des nœuds dans la tête !
Arrivés à LOS ANTIGUOS après une nuit dans le bus, force est de constater qu’effectivement aucun transport en commun ne relie la ville à CHILE CHICO côté chilien.
Tout ça pour des questions de guéguerres de frontières entre les chiliens et les argentins qui ne peuvent pas se voir !!
Quand je dis que les frontières et les drapeaux font du mal à l’humanité..

La seule solution serait de prendre un taxi jusqu’à la frontière et ensuite de faire du stop ou marcher.
Ce serait envisageable mais le fait d’être 3 avec tous nos sacs nous fait peur..
On choisit l’option raisonnable: repartir sur nos pas pour la ville de PERITO MORENO (pas le glacier !!) pour reprendre un bus vers BARILOCHE.
Mais ce trajet ne pourra se faire que le lendemain..Nous avons donc une journée devant nous à LOS ANTIGUOS.
Et la ville se révèle plus agréable que prévu..On est au bord d’un immense lac à cheval sur les 2 pays, le lac Buenos Aires pour l’Argentine et le Lago General Carrera pour le Chili.On a la chance d’avoir encore un très beau soleil, accompagné d’un vent très violent.
Mais comme nous dit notre chauffeur de bus « La Patagonie sans vent ce n’est pas la Patagonie ! »
Du coup malgré notre fatigue (la nuit dans le bus n’a pas été la meilleure que nous ayons connue !), nous nous décidons pour une bonne ballade sur le lac et à la découverte de ce village et d’un petit resto pour déjeuner.Le lac est vraiment splendide, à perte de vue. Par endroits il a même des vagues. Son immensité nous fait penser par moments que nous sommes au bord de la mer.

Le village n’est pas désagréable, il y règne une atmosphère assez cool, tout est bien entretenu.
Il semble y avoir une activité artistique assez développée et que ce soit un haut lieu de festival rock et de bikers..
On sent que les habitants et leur mairie aiment ce lieu et en prennent soin.
On a même le droit d’assister à une fête de la police qui mobilise le village et les journalistes !

Malgré le vent, une sorte de micro climat semble régner ici, nous découvrons un paysage plus champêtre, et même des vergers..

Nous nous arrêtons pour déjeuner dans un des rares restos du village et qui porte bien son nom !!
Comme dans tous les endroits paumés de la terre nous rencontrons…des français !
Une qui se fait un tour du monde de dingo.. Les destinations les plus extrêmes de la planète en 8 mois : Alaska, Mongolie, Galapagos, Java..

Et nous retrouvons un couple de français rencontrés au Périto en voyage en camion depuis 4,5 ans avec leur fils !!!
Ils vont à CHILE CHICO et nous auraient emmenés avec plaisir..
Dommage ! Mais on a déjà nos billets et trouvé une cabane pour la nuit..
On se rend compte après coup qu’il aurait été finalement très simple de passer la frontière en stop, même sans eux.

On a été un peu frileux sur ce coup là, nous nous souviendrons de la phrase d’un voyageur :« Quand rien n’est prévu, tout est possible !! »On n’avait pas encore fait de si longs trajets (13h de bus et 1,5h de correspondance) en journée.. et c’est vraiment très long ! Beaucoup plus que la nuit !!
L’avantage c’est que ça donne l’occasion soit d’avancer sur le blog, Etienne rédige l’article sur El Chalten, soit de parfaire sa culture littéraire !! Je découvre ainsi Sorj CHALENDON et j’engloutis deux de ses livres, totalement captivée et embarquée dans ses mots (Profession du père et Le 4^ème mur).. Bouleversants les deux !!

Notre premier jour à BARILOCHE est, une fois n’est pas coutume, sous le signe de la pluie et du vent..
Alors, c’est courses, définition du programme et location de voiture..
Nous décidons en effet de faire en 2 jours la fameuse Route des 7 lacs qui nous mènera jusqu’à SAN MARTIN DE LOS ANDES.
Bariloche ressemble à un village suisse, ses spécialités culinaires sont la fondue au fromage et le chocolat !
D’ailleurs je craque pour le chocolat que j’achète en « ramas » car paraît-il, il fond dans la bouche..
Bon, et bien il terminera en fondant dans le lait chaud d’Etienne et Tom, en «submarino » comme ils disent ici.. et c’est tout ce qu’il méritait !!
C’est sûr, on n’est pas en Suisse !La ville est assez importante, nichée au bord du très beau lac Nahuel Huapi.
Mais est-ce la pluie et le gris du ciel, un petit coup de mou généralisé (Etienne est un peu malade, Tom est ronchon et moi un peu fatiguée..), nous n’avons pas vraiment de coup de cœur! Alors qu’elle était vraiment prometteuse sur le papier et dans la bouche de beaucoup de voyageurs.Tom lui DÉTESTE carrément !! Il dit que c’est une MASCARADE (trop touristique, trop « suisse », trop de bois et trop de chocolat.. pas bon en plus !!). Je pense qu’il exagère un peu..
C’est trop grand pour nous.. On se sent mieux dans les villages..
Mais il faut reconnaître que les paysages qui l’entourent, notamment le magnifique lac sur lequel elle est bâtie, sont quand même très beaux.
Nous rencontrons encore et toujours des français en quête de sensations et d’atypique.. Un couple franco allemand qui voyage sac à dos pour leur voyage de noces et qui a décidé de passer la frontière chilienne par les Andes, à pied !! Bravo !
Nous prenons la route des 7 lacs le lendemain matin et nous voilà partis pour 2 jours qui nous font retrouver le goût et l’envie de la découverte et du voyage..
Cette portion de la Ruta 40 est à la hauteur de sa réputation.
Elle débute réellement à partir de Villa La Angostura, environ 80 kms après Bariloche.

C’est une petite ville très chic qui varie ses centres d’intérêts entre activités nautiques et de montagne.
Au bord du premier des 7 magnifiques lacs de la région, elle a une situation idyllique dont s’est visiblement emparée la jet set argentine..
Tout est nickel, parfaitement entretenu, de beaux magasins de vêtements, de bijoux mais aussi de produits naturels et bios, de primeurs, de fromagers..
Dans une confiteria, on s’offre un excellent café, que l’on nous sert accompagné d’un délicieux petit sablé.. Il y a des signes qui ne trompent pas !
D’ailleurs ici les baños s’appellent « les toilettes » !
Les maisons sont des chalets.. Bref, très cosy tout ça !Pendant les heures qui suivent nous allons passer de lacs en lacs, de torrents en cascades..

Le tout au milieu des montagnes aux sommets enneigés.

Ces montagnes là sont bien différentes des Torres ou d’El Chalten.
On retrouve avec un grand plaisir des arbres bien vivants! Ce sont des forêts de sapins qui défilent sous nos yeux.
C’est plus vert et plus doux.
Ça ressemble à la France et aux Alpes…
Sur la première partie du trajet le ciel est maussade. les couleurs sont plutôt vers le gris, les nuages accrochés aux montagnes.
Etienne qui carbure au soleil est un peu dépité..
Malgré tout, les paysages tiennent leurs promesses.
Et puis notre fidèle ami refait son apparition pour notre pause déjeuner..

On a vraiment de la chance pour nos pique nique.. le plus difficile est de se décider pour un endroit et nous n’avons que l’embarras du choix.
On a toujours les meilleures tables, peut-être pas pour la carte mais en tout cas pour le décor ! Pour cette fois ce sera au bord du Lago Correntoso que nous élirons domicile.
A midi on a troqué nos sandwichs contre une petite salade de riz, avocat.. pas mal !
Le soleil va largement nous accompagner sur la deuxième partie du trajet et ravir nos yeux !
Les lacs se succèdent, plantés dans des décors de rêve..
Les couleurs se révèlent sous la lumière, notamment les différents bleus et verts des eaux cristallines..
Et des noms qui font rêver: Lago Escondido, Machonico, Espejo..

La route en lacets dans la montagne nous emmène de point de vue en point de vue.
Il y a des endroits perdus qui donnent des envies d’arrêter le temps pour quelques jours et se poser pour juste découvrir en marchant la nature..
Quelle liberté et quel luxe d’être motorisés, ne dépendre de personne, pouvoir s’arrêter où et quand on veut, décider du point de vue pour déjeuner, prendre le temps dont on a envie et profiter de chaque instant !

Je pense aux voyageurs camping caristes croisés à plusieurs reprises.. Cette façon de voyager fait vraiment envie.. Je pense à Vivette et Michel, les parents de Sandra, qui parcourent ainsi le monde la moitié de l’année et je comprends de mieux en mieux ce qu’ils doivent ressentir..
Pouvoir s’arrêter dormir là par exemple ?
Le prochain voyage peut-être ?

C’est notre lac coup de cœur à tous les 3, ou plutôt « les » lacs.. Car les Lagos Falknër et Villarino sont juste séparés par une bande de terre.
Leurs eaux sont pures, transparentes, allant du vert au bleu en passant par tous les dégradés.
Ca semble être un paradis pour les pêcheurs et la flore est juste splendide !

 Cette première journée sera également placée sous le signe de la rencontre animalière !
Au programme des chiens toujours,

Des oiseaux divers et variés, Des moutons.. gros !!Mais aussi un renard et des aigles..

Pas farouches d’ailleurs pour des animaux sauvages.
On a rencontré le renard à un point de vue, il était couché et j’ai cru qu’il était malade ou blessé..

Après l’apitoiement, c’est plutôt une légère peur qui m’a envahie quand je l’ai vu se lever et avancer d’un pas décidé vers nous.. puis quand on a entendu un bruit ressemblant à un grognement émaner de sa gueule.. !
On finit les photos bien à l’abri dans la voiture !Tom s’est fait de nouveaux copains et parle maintenant le canard espagnol !!

L’animal en est tout retourné !
Et puis il y a ceux qu’on n’aura pas eu le temps d’immortaliser : 2 loutres et 1 condor !!

Le dernier point de vue avant notre arrivée nous fait découvrir un endroit non pas spectaculaire mais très particulier..
Le petit rio devant nous, ridiculement petit, se sépare en deux sous nos yeux.
Ses bras prennent chacun une direction, pour alimenter un lac différent et terminer sa route l’un dans l’océan Pacifique, l’autre dans l’Atlantique !
Incroyable non ??

L’arrivée sur notre destination finale de la journée, San Martin de los Andes est vraiment sublime. La route sinueuse qui nous fait apercevoir à chacun de ses lacets, le très beau Lago Lacar et le village nichés dans les montagnes, est toute de jaune vêtue.

La petite ville est elle aussi très agréable.. un peu moins chic que la précédente mais pas mal quand même !
Rien ne manque aux petites maisons avec leurs parterres fleuris, les pelouses sont vertes et bien tondues..
Les noms résonnent en français ou en allemand..
Bref en regardant les photos, je ne suis pas sûre qu’on identifie l’Argentine au premier coup d’œil..
Le bord de lac est très chouette, on se croirait vraiment en bord de mer.. mais alors quel vent !!!

Notre journée se termine en faisant péter la tirelire autour d’une fondue et d’un bon Malbec, au chaud dans un petit resto cosy.
La fondue ne valait pas son prix mais on s’est rattrapés en piquant pain et roquefort servis en amuse gueule.. !
Ben oui on est comme ça maintenant !! On pique tout ce qu’on peut sur les tables et dans les auberges : savons, shampoings, sucre, pain, beurres, confitures..
Tom a honte de nous !!
Pour terminer cette belle journée, on dort dans une cabane top confortable et chaleureuse..
Je serais bien restée quelques jours de plus moi !!
Si on devait revenir dans cette région, nous sommes tous d’accord pour dire qu’on aimerait bien se baser dans cette partie. C’est un véritable endroit à randonnées, en pleine nature, avec de l’eau, des arbres et des montagnes.. Magnifique !
Nous reprenons la route le lendemain pour revenir sur Bariloche.
Nous empruntons la route « alternative » à celle des 7 lacs, qui nous fait passer par une piste de 80kms.
Pour une fois on a eu raison de suivre les indications du Routard.
Nous longeons la rive du lac Méliquina, c’est très joli, plus champêtre et pas mal de gens semblent vivre dans ces coins isolés..

Puis le paysage devient plus rude, plus aride, plus rocheux..
Et nous découvrons une route sublime qui traverse des paysages dignes de décors de westerns..
Les rochers taillés et découpés par l’érosion prennent des formes improbables..

C’est un paysage impressionnant et assez fascinant. La terre devient rouge..

Etienne est littéralement sous le charme et sera le reporter photos de la journée.

Par contre 80 kms de piste c’est long, surtout en petite citadine !!Le temps se dégrade à nouveau.
Épuisés par la piste, on cherche, et on finit par dégoter un endroit tout sympa pour notre pause déjeuner.

Juste fait pour nous 3 !!

De retour sur Bariloche, nous décidons, malgré le temps improbable, de terminer notre périple par une balade sur la presqu’île de LLAO LLAO et de monter au Cerro Campanario, point de vue réputé pour sa vue à 360 sur les environs.
Je suis mon chéri sur sa proposition romantique de faire le voyage jusqu’au sommet en.. télésiège !!
Pendant que mon Tom, toujours rebelle anti système refuse de payer le moindre centime pour monter 500 mètres à pic !Résultat, j’ai eu raison.. La petite virée en télésiège nous a offert une très belle vue (surtout à la descente !)

Elle m’a donnée le plaisir d’entendre Etienne jouer à Michel Blanc en chantant «Quand te reverrai-je?» et bien fait rire de le voir frémir à chaque arrêt de l’engin, nos pieds dans le vide !!

Quant à Tom, il est arrivé au sommet en nage et haletant !! Rude rude montée..
Pas de regrets donc en ce qui me concerne ! Merci mon chéri..
Le point de vue est effectivement splendide, la lumière est spéciale car il y a beaucoup de nuages.. Perso, je trouve que ça donne une touche particulière aux paysages et je suis assez séduite par les couleurs et les contrastes.

Et puis, le soleil et le ciel bleu.. c’est un peu lassant non au bout d’un moment !
Nous finissons par une virée sur la presqu’île qui est vraiment très agréable avec son petit port, son église atypique, un bel hôtel de luxe et même son golf !

Par contre comment font-ils pour jouer avec un tel vent ?? Pas de réponses à la question..
Nous on n’a même pas réussi à sortir de la voiture sur le port..

Retour à notre auberge de jeunesse que nous ne recommanderons pas à cause du service qui est assez moyen..
Pour exemple, nous avons loué une voiture via leur service. A notre retour, nous restituons le véhicule avec plus d’essence qu’à notre départ.. Impossible de déduire ces frais du prix de la location ! Derrière son comptoir, le gars peu concerné, nous explique que c’est la « rula » !! Donc si tu rends avec moins d’essence tu payes la différence mais si tu la rends avec plus, comme on ne te rembourse pas, tu payes aussi !!
Je lui fais remarquer que c’est peut-être une règle mais qu’elle ne me semble pas très juste.. C’est vrai nous dit-il mais c’est la « rula » !!!
Bref n’allez pas au MarcopoloInn.. Dommage car bien situé, super cuisine équipée et vraiment pas cher !
Allez après une bonne partie de cartes, du vin et du saucisson et dodo !
Demain retour au Chili pour les îles CHILOÉ.