ÉTAPE 18: LES ÎLES CHILOÉ

ÉTAPE 18: LES ÎLES CHILOÉ


Du dimanche 19 au mercredi 23 novembre 2017

Chiloé, douce escale…
Après les lacs, les montagnes, les vallées, après les torrents, les cascades, les forêts, il nous fallait une île.
Pas celles de sable blanc du Brésil, non, une avec des mouettes dans le décor, une simple cabane de pêcheur au bord de l’eau, et un poêle pour faire du feu.
Je crois qu’on l’a trouvée…

Notre petit coin de paradis fait partie d’un ensemble de « Cabanas Palafitos » construites sur pilotis, typiques de Chiloé.

  « Los Pescadores », c’est son nom, est tenu par le très sympathique Andres.
Il adore son « lieu » et ça se sent. Il fait surtout le maximum pour qu’on y soit bien !

Par exemple, on avait réservé une bien plus petite cabane au départ, et il nous a surclassés. On se retrouve en version luxe !
Et surtout il a sauvé Lolo d’une soirée apocalyptique le dimanche de notre arrivée.
Il se trouve que c’était le jour du premier tour des Présidentielles au Chili.
Et vous vous souvenez d’une des mesures de sécurité mises en place les jours d’élection dans les pays d’Amérique du sud ? Interdiction de vendre de l’alcool, nulle part !
En lisant ce panneau à l’entrée du supermarché où l’on s’apprête à faire nos courses pour le repas du soir, Lolo voit se profiler un apéro sans vin, pour la première fois depuis 33 ans. Autant vous dire que ça ne la réjouit pas outre mesure. Et qu’elle le manifeste de façon véhémente, maudissant tour à tour les hommes politiques, les hommes en général mais surtout les cons, et sans doute aussi Dieu qui n’avait rien demandé..
Après 15h de bus, les nerfs lâchent un peu…
Arrivés à notre cabane, sans trop y croire, on demande à Andres qui nous accueille où l’on pourrait trouver une bouteille.
Et là, sauveur providentiel, il nous en dégote une de sa réserve personnelle. Une belle en plus !
Lolo respire…
Face au soleil qui se couche sur la baie, elle se met à nouveau à croire aux hommes.
Je n’irai pas jusqu’à penser qu’elle brûle désormais un cierge chaque matin pour San Andres, et pourtant, Chiloé serait l’endroit tout indiqué !
Ancienne terre de jésuites, l’ile regorge de charmantes petites églises classées au patrimoine de l’humanité.
A Castro sa capitale, on trouve sans doute la plus spectaculaire, bien trop pimpante pour être complétement innocente.
Cette façade jaune et ces toits violets, quel cocktail!
Il n’est pas impossible que le directeur artistique de Disneyland ait un cousin par ici..
L’intérieur est à l’inverse un modèle de sobriété boisée..


Une vierge majestueuse trône près de l’autel.Et je me demande comment les croyants chiliens peuvent venir se recueillir chaque semaine devant cette statue aux couleurs de l’Argentine, l’ennemi juré..Dans l’église de Nercon, il y a des maquettes de bateaux suspendus à la voute. Des Ex-voto.
On raconte qu’un marin en accrochait une nouvelle à chaque retour de voyage, pour remercier Dieu de sa bonne fortune.
On ignore s’il a fini par faire naufrage.
En tout cas dans cette église-ci, la vierge s’est mise aux couleurs chiliennes. Les drapeaux rappelant que la séparation de l’Eglise et de l’Etat n’est pas complétement à l’ordre du jour..
Lorsqu’un groupe d’une dizaine de fidèles entre et se met à réciter plusieurs fois « Je vous salue Marie »… en français, puis à chanter en choeur, on quitte les lieux, mécréants que nous sommes. En se disant qu’on a fait le plein de ferveur pour les jours qui viennent.En sortant de l’Eglise, Lolo saisit la pose de deux magnifiques rapaces, véritables armoiries vivantes, avec le ciel pour blason.  

Retour à Castro, petit port charmant posé sur le Pacifique, avec ses bateaux, son marché artisanal, ses originales jardinières et ses amoureux sur les bancs publics.

Mais aussi des magasins au nom insolite ou aux devantures bizarres…

Sans oublier sa zone d’évacuation anti-tsunamis !
On est dans un endroit particulièrement sujet aux tremblements de terre…
Enfin il y a ceux qui n’ont pas pu s’empêcher de faire la vanne…
Le Fidel de Castro sponsorisé par Coca, c’est quand même fort… Et sans doute très à l’image du Cuba d’aujourd’hui … On vous dira ça !

L’archipel des Chiloé est aussi reconnu pour ses traditions culinaires. On y cultive par exemple de nombreuses variétés de pommes de terre, toutes succulentes. Mais aussi des fruits (les premières fraises viendraient d’ici..) dont certains nous sont complètement inconnus. On dégustera ainsi une excellente confiture de « murta », baie sauvage entre groseille et myrtille. Mais ce n’est pas de la mûre !
Au resto « El Mercadito », on se régale d’un gratin de crabe soufflé et d’un poulpe grillé aux piments jaunes. Mais le hamburger maison de Tom n’est pas en reste. Excellente adresse…


A l’écart du centre, d’autres cabanas palafitos constituent le petit quartier bohème de Castro.
Il nous rappelle un peu Trentemoult à Nantes.
      
Avec les murs des maisons semblables à des écailles de poisson.On dit que Chiloé ressemble à l’Irlande. Parce que c’est très vert et qu’il y pleut souvent.
Pour la pluie on ne sait pas, car le soleil a décidé de nous suivre, encore une fois.
Mais effectivement le vert est omniprésent sur l’île, sous toutes ses teintes, notamment dans le Parc national près du village de Cucao.



Dans ce parc on trouve aussi des arrayanes à la magnifique écorce couleur cannelle.

Puis une forêt de conte pour enfants, un peu effrayante avec tous ses arbres enchevêtrés.


Sortis indemnes de ce bois enchanté, on s’accorde une pause déjeuner dans le village de Chonchi.
Au menu, Fish and Chips à base de « salmon et merluza » digne des meilleures cantines londoniennes.
Avant d’aller flâner sur la jetée de ce petit port typiquement chilote.
 



Là, nous avons donc un cygne qui vient de se prendre deux boules de glace framboise sur le bec et qui râle.
Tom, quant à lui, se demande par quel gâteau commencer son goûter…
Malheureusement, nous n’aurons pas le temps de nous arrêter à Quemchi, village natal de Francisco Coloane, «le passant du bout du Monde».
Petite pensée tout de même pour Jean-Yves S, qui m’avait fait découvrir l’été dernier à Francs l’œuvre majeur de ce grand conteur chilien.
On avait loué une voiture pour profiter de cette journée mais pour se déplacer le reste du temps, on emprunte un des milliers de mini-bus qui sillonnent l’île.
Archi-pratique, on les stoppe n’importe où, même en pleine cambrousse, ils nous arrêtent où on veut, tout ça pour un prix dérisoire!
Mais en fait, on n’a pas super envie de bouger, car on ne se lasse pas du décor autour de notre cabane.



Ce vert toujours…


  

Rarement on avait vu une aussi jolie lumière…
De notre terrasse, face à la petite baie, on assiste chaque fin d’après-midi au ballet des oiseaux marins.
Cette mouette, que personnellement je trouve très élégante, semble chercher méticuleusement sa pitance au ras du sol.

La technique du goéland est plus spectaculaire.
Il s’élève à la verticale et largue son coquillage sur les cailloux, avant d’accompagner sa chute.

Comme il faut parfois plusieurs essais avant que la coquille ne se brise, l’oiseau recommence et on a l’impression qu’il rebondit. Ou qu’il s’agit d’un yoyo. C’est marrant… (en tout cas pour le corrézo-parisien que je suis, car j’imagine que les bretons doivent voir ça tous les jours !)

Soudain une nuée gigantesque surgit de nulle part…

Des milliers de zarapitos viennent se poser sur un banc d’algues à quelques mètres de nous.
Ils arrivent d’Alaska, et il paraît qu’au cours de leur voyage, ils ne font qu’une seule halte : ici à Chiloé, uniquement dans cette baie.
Tout seul, un spécimen ressemble à ça.
Mais il est tellement plus beau accompagné…Ce soir on quitte notre île…
La grande aventure nous attend : De Chiloé à Puerto Chacabuco, une traversée en bateau qui va durer 30 heures, pour rejoindre la mythique Carretera Austral.
On n’en mène pas large au moment d’embarquer un peu avant minuit au port de Quellon.

Adios Chiloé. On gardera de toi de merveilleux souvenirs, et on n’oubliera pas la devise gravée sur tes murs, celle qui nous aura servi de guide durant toute notre aventure patagonienne…
« Celui qui marche vite perd son temps, prenez le vôtre… »

 

 

 

 

 

5 Replies to “ÉTAPE 18: LES ÎLES CHILOÉ”

  1. PREM’S… toujours!!
    c’est beau!! c’est vert, c’est oiseau! 😉
    donc vous êtes au Chili et vous continuez … au Chili!
    He ben continuez à être heureux tous les 3!! comme ça on est 4!!
    plein de bisous

  2. « Alors Lolo va changer de métier en rentrant : elle va devenir photographe d’oiseaux », pour être plus précise, Garance cherche le nom exacte… Et c’est Photographe ornithologue !
    Martin a pensé à Trentemoult, à la Bretagne en voyant certaines photos.
    Et encore une fois….vous nous avait fait rêver….( surtout Garance en voyant l’assiette de Gâteaux devant laquelle Thomas hésite !!), « trop dur sa vie…. »
    Allez, nous, on va se coucher !!
    Des grosses biz

  3. Alors comme ça, on fait des infidélités au Fier d’Ars ?!
    Très belles photos, très bon commentaire pour cette île qui a l’air particulièrement paisible…on s’y croirait !
    Bonne traversée et à bientôt sur la Carretera austral !

  4. J’ai plaisir à vous lire avant de me coucher, un vrai bouquin !
    De beaux textes, de belles images, tout est parfait !
    J’attends la suite de vos aventures avec impatience.
    Il me tarde de vous retrouver autour d’un bon verre de rouge !
    Je vous embrasse fort.