ÉTAPE 24: « LA LINDA LOMA » À LAS PALMAS

Du lundi 11 au vendredi 15  décembre 2017

La LINDA LOMA..
Ce n’est pas un nom de plage..
Ce n’est pas un nom de village ou de montagne.
Ça veut dire la « jolie vallée »C’est le nom du coin de paradis de Nicolas et de ses parents.
Son père est chilien, il a fui la dictature dans des conditions périlleuses, s’est réfugié en Suisse où il a entrepris des études d’infirmier et où il a rencontré sa femme et construit sa famille.
Ils n’ont pu revenir dans son pays qu’à la fin de Pinochet et ils ont construit avec amour cette maison si charmante dans un coin où la nature a donné le meilleur d’elle-même.
Ils ont continué leur vie en Suisse, en venant régulièrement ici donnant naissance peu à peu à ce joyau, le nid familial où ils fêtent Noël traditionnellement avec leurs enfants.
On sent partout l’attachement de cette famille à cette terre.
Ça respire l’amour dans tous les recoins.
Des coins perdus on en a traversés depuis quelques mois.. mais celui-ci a quelque chose de vraiment spécial.
Les fleurs, partout.. à faire pâlir d’envie les plus grands jardiniers..

Les citronniers, les orangers..
Plus de 40 fruits différents se côtoient dans ce verger.
Le potager avec ses salades, ses courgettes, ses tomates.. qui se transforment en tableaux de maître quand Nicolas se met en cuisine.
Des herbes aromatiques comme on désespérait d’en revoir un jour..
La lavande..
Le bruit des insectes, les criquets..
Le chant des oiseaux.
Le coq au loin le matin.
Les vaches qui paissent en liberté dans la montagne autour..
Le soleil, le ciel bleu, la douce chaleur toujours accompagnée d’une légère brise..
Notre nid à nous, c’est une petite cabane, toute petite..

Même l’étroitesse de notre chambre est vite oubliée quand on se lève le matin et qu’on boit son café sans un bruit autour en contemplant les montagnes qui s’allument doucement sous la montée du soleil.
Parce que vous l’aurez compris, on n’est pas gênés par les voisins.
Il y a quelques maisons autours.. un petit village à 30 mn à pied.. et c’est tout !
Nous sommes proches du village d’Olmué où se ruent paraît-il les habitants de Santiago le week-end car il ferait partie des 10 lieux bénéficiant du meilleur climat au monde.
Il ne pleut pas beaucoup ici et pourtant la nature est verte. Les arbres natifs se nourrissent de l’humidité portée par la brume, la Ruga, et ne perdent jamais leurs feuilles, à part les chênes, qui ne ressemblent pas vraiment aux nôtres.Après avoir quitté un travail qui ne correspondait pas à sa philosophie, Nicolas a « bourlingué », alternant voyage et boulot, au Brésil, en Colombie.
Il s’est posé dans la maison familiale il y a maintenant un an. Il y entretient la maison, le verger, le potager, s’occupe du terrain et développe une activité touristique en accueillant des gens dans sa cabane et en leur proposant des randonnées à pied ou à cheval dans les alentours.
Doris, une voisine et amie de la mère de Nicolas, vient l’aider plusieurs fois par semaine, notamment pour s’occuper du jardin.
Et c’est sur, elle a la main verte..
Il est aussi en train de construire une 2^ème maison, en bois, terre et paille, avec jardins sur les toits, toilettes sèches..
Une maison plus grande où il veut même installer une cheminée pour que ce soit plus chaleureux et confortable l’hiver.
On est au cœur d’un projet écologique et bio, c’est très intéressant.
Nous sommes dans la réserve naturelle de Las Palmas, au cœur de la Vallée de la Campana.
Nous partons avec lui pour une journée de marche dans la montagne. C’est un régal de faire cette rando bien qu’elle soit dure physiquement. (700 mètres de dénivelé en 5 kms, ça pique..)
C’est un amoureux de la nature, il connaît les fleurs, les plantes, les oiseaux par cœur.
Il connaît aussi les pierres qui ont une place très importante sur cette terre un peu ésotérique. On croit beaucoup ici au pouvoir des pierres, aux énergies qu’elles dégagent. C’est le pays du magnétisme, des produits à base d’herbes, des tisanes et des légendes de la nature.

C’est le pays où les vaches sont encore emmenées en montagne par les gauchos à cheval, pour paître sereinement en pleine liberté, selon la tradition.
Elles n’ont pas destin à finir sur un étal de boucherie mais constituent un patrimoine pour les propriétaires qui les vendent en cas de besoin.
Et des besoins, il y en a, car au Chili, pays de l’ultra libéralisme, tout se paye.. de l’école jusqu’à la santé, en passant par les pompiers..
Cette randonnée est vraiment merveilleuse car on passe par tout un tas de paysages et de sols différents.

La forêt, la roche, le sable, la terre.. du vert au beige, au marron, de l’humidité à l’aridité, du frais au chaud, du chemin de terre à la rocaille..
Jusqu’aux déclinaisons du blanc du quartz et de ses mines

Nous découvrons une flore nouvelle..

Nous avons une chance extraordinaire car nous partons dans la brume.. une brume épaisse qui certes empêche la vue mais nous permet de marcher au « frais »
Cette brume donne un aspect envoutant aux paysages, un peu mystérieux..

Arrivés à la mine, nous découvrons qu’elle suit une ligne bien définie entre 2 montagnes, c’est surprenant !

La pause pique nique en  bas de la mine est la bienvenue.. je crois que c’est le moment que je préfère dans une journée de marche !!

On se régale avec les sandwichs frais composés par Nicolas, jambon, fromage, tomate et avocat, le fruit le plus consommé au Chili.. Pour finir avec des bananes et un mélange de fruits secs, accompagnés par une eau d’un millésime exceptionnel.. aromatisée au citron et à la menthe fraiche.
Y a pas à dire, quand les produits sont frais, on se régale du moindre légume !!
Je pense forcément aux tomates de Francs..
Un copain a mis ses habits de lumière pour se joindre à notre table..

On découvre le palmier typique du Chili, un tronc haut et lisse, avec ses feuilles perchées en hauteur comme un chapeau et qui pousse.. n’importe où dans la rocaille !

Et comme la chance nous accompagne depuis maintenant 3 mois et demi, on a le privilège de voir 2 condors qui tournoient au dessus de nos têtes, on pourrait presque les toucher..
On se demande même s’ils ne nous prennent pas pour des proies éventuelles !
 On s’aventure, un peu impressionnés, dans une des galeries de la mine..Impressionnés car avant d’y entrer, Nicolas nous dit que ce n’est pas très « sécure », qu’il ne faut pas parler fort, éviter de toucher les plafonds et surtout.. prier ! Prier pour que la terre ne se mette pas à trembler..
Et oui, ici, la terre tremble très régulièrement !
Le Chili est un pays de tremblements de terre, souvent très hauts sur l’échelle de Richter !
Le dernier qu’a ressenti Nicolas était tranquille..7 !!!
Les chiliens sont habitués, leurs constructions sont faites en fonction de cette réalité.
Nous on n’en a pas encore ressenti mais ce doit être une sacrée expérience..
Le sol bouge sous les pieds, les objets se mettent à trembler, parfois se cassent. Il nous dit que le plus impressionnant est le bruit ! Comme des grosses goutes de pluie qui claquent sur le sol..
Dans ces cas là le mieux est de sortir de l’habitation..
Après la mine, nous nous posons la question de continuer l’ascension car le brouillard est toujours très épais et risque de nous empêcher de profiter de la vue plus haut !
Mais on croit en notre bonne étoile et nous grimpons.
Arrivés au sommet, on s’offre une nouvelle pause, bien installés sur nos rochers.

D’un côté une superbe vue, bien dégagée sur une des vallées.
De l’autre.. rien ! C’est tout blanc !!!
Qu’à cela ne tienne. On est bien !
C’est l’heure de ma traditionnelle sieste dans les plus beaux sommets du monde !Quand je me réveille, je suis seule !!
Je change de position, je passe donc de la position allongée sur le dos à celle allongée sur le ventre.. et là je découvre que je suis au dessus d’une mer de nuages !!
Le brouillard s’est dissipé, le ciel est bleu. Je ne vois toujours pas la vallée, mais quelle vue sur les nuages !!

Les garçons ont poussé jusqu’à des rochers particuliers et se sont régalés !!

La descente nous procure une petite frayeur, elle est assez abrupte et après avoir souvent aidé sa mère à descendre..
Tom se paye une glissade et une chute spectaculaire !!
Moi qui était au dessus, je l’ai vu tomber et j’ai bien cru que sa jambe allait se retrouver à la perpendiculaire à hauteur du genou.
Il a eu le très bon réflexe de se retourner et de ramener sa jambe vers lui avant de toucher le sol !!
Heureusement.. Mais il a eu très peur car pendant une fraction de secondes il s’est vu avec une rupture des ligaments et un obligatoire retour en France avec 6 mois de béquilles !!
Cette magnifique journée se termine dans l’agréable maison de Nicolas où il nous reçoit autour d’un plat de pâtes à faire pâlir d’envie la « spécialiste » que je suis !!
Tomates, olives, thon, fromage de chèvre et herbes du jardin.
Le tout à la tisane !! Et oui vous avez bien lu !! Un repas de pâtes arrosé à la tisane.. On me l’aurait dit, je ne l’aurais pas cru !! Et bien c’était super !!!

Nicolas se fait guide encore une fois pour nous et nous fait découvrir une cascade cachée sur la route qui descend au village.

Et il nous emmène à la chapelle d’ « El Niño Dios », poupée trouvée dans la montagne par un paysan en 1775, devenue la représentation de Jésus et qui accomplit des miracles à Las Palmas depuis 2 siècles et demi..
Les fidèles viennent de toute part pour honorer cette figure de Dieu, faire leur prière, donner leur offrande, et prier pour qu’il exauce leurs souhaits et soigne leurs maladies.
Certains font même graver des plaques pour la remercier..
Ou les gravent eux-mêmes.

A Noël pour célébrer la naissance de Jésus, une grande messe est organisée.Une prière particulière lui est consacré. Le 24 décembre au soir, les croyants viennent en voiture de partout, parfois même de loin. Les habitants des montagnes autour, eux, descendent à pied dans une immense procession jusqu’à la chapelle.

Cette dernière, trop petite pour accueillir autant de personnes a du s’agrandir en un immense autel à l’extérieur toujours à l’image de l’élu.
A la fin de la messe, la poupée divine est portée jusqu’à la croix en haut du village.

Deux journées magnifiques.. passées pour une grande partie dans l’endroit surprise de cette fabuleuse propriété qu’on vous gardait pour la fin : La piscine et sa vue plongeante sur les montagnes..

Juste se prélasser en admirant le bal des hirondelles qui viennent s’y désaltérer, et les colibris qui virevoltent autour de nous..
Il y a ici le Colibri géant, unique au monde !

Le soir au coin du feu devant la maison, admirer les étoiles, la voie lactée et discuter.. du monde, des voyages, de bouffe, de nos vies.

Une dernière soirée où cette fois je me mets aux fourneaux pour tenter de prendre ma revanche à la « battle » de pasta et cette fois on les accompagnera au vin !

À la LINDA LOMA, ça sent l’amour..
Ca sent la lavande, le romarin, le thym, l’origan.. la garrigue !

Ça sent Manon des sources ou encore les Figons !!

Une ambiance sonore et olfactive qui résonne en nous, une certaine atmosphère,
J’ai depuis la 1^ère fois depuis notre départ presque une certaine nostalgie de mon pays..
Je pense beaucoup à tous ceux que j’aime et je vois plusieurs d’entre eux se plaire ici. J’aurais aimé partager un apéro avec eux en regardant le soleil se coucher sur les montagnes.
Avec Tom, on a beaucoup pensé à Jojo qui se délecterait de partir à la chasse aux insectes, soulevant pierre après pierre..
Nous on a eu droit à une tarentule et un scorpion dans la même soirée !

Et même un phasme..Je rêve et je cherche où je pourrais m’installer à notre retour, poser 4/5 cabanes, faire un bar et une table d’hôtes et accueillir des gens..
Je crois que c’est comme ça que je voudrais vivre la 2^ème partie de mon existence !
On s’est offert une vraie pause ici, c’était magique !
Merci à Nicolas de nous avoir si bien accueillis, bonne chance pour la suite..
Plein de réussite pour tous ses projets et les rêves qu’il a en tête pour ce bel endroit.
Et surtout un grand merci à Manon du Petit Futé sans qui nous n’aurions jamais découvert ce coin de paradis.