ÉTAPE 25: VICUÑA ET LA VALLÉE D’ELQUI

ÉTAPE 25: VICUÑA ET LA VALLÉE D’ELQUI

Du vendredi 16 au lundi 19 décembre 2017

 Il y a au moins deux bonnes raisons de faire une halte dans la vallée d’Elqui: le Pisco et les Étoiles. On dit ici qu’il faut boire du premier avant d’aller observer les secondes. Alors on en voit deux fois plus.
Vicuña est l’une des charmantes petites villes de la région.

C’est le lieu de naissance de Gabriella Mistral, grande poétesse chilienne et Premier écrivain d’Amérique latine à obtenir le Prix Nobel de Littérature.
Peu connue en France, elle est ici aussi célèbre que Pablo Neruda.
A l’Hostal Michel, on est accueilli par Manolo, son patron haut en couleur. Il est chilien mais parle couramment français avec l’accent de Montréal où il a vécu plusieurs années.
La cour intérieure est idéale pour se poser au soleil.

Manolo nous propose un parcours à vélo plutôt insolite pour découvrir la production d’alcool des environs : d’abord le une distillerie de Pisco, ensuite une fabrique de bière artisanale, puis un autre endroit où l’on produit un breuvage « digestif » comme il dit, histoire de bien finir la journée.
25 kms en tout. Mais pas forcément en ligne droite.
Prudents, on opte pour un aller retour à la distillerie de Pisco, 8 kms aller retour.
Il ne fait QUE 28 degrés donc c’est plutôt supportable, comparé aux 35 de la veille.
Le vélo, on n’avait pas encore fait en Amérique du sud. Malgré une petite côte à l’aller qui fait râler Lolo, la balade est très agréable.

Arrivés à la « Pisquera Aba », on est accueilli par Andres, guide de son état, qui nous fait le tour du propriétaire.

D’abord les vignes de muscat, très hautes, qui produisent un bon petit vin local, mais dont les meilleures grappes sont réservées au Pisco.

Puis les différentes cuves et alambiques de distillation.
Les fûts en bois de chênes made in France, pour les meilleurs crus.
Andres tente avec succès quelques phrases en français. « Je suis en train d’apprendre, nous dit-il, vous êtes de plus en plus nombreux à venir chez nous ! ». Et ça vrai que ça n’arrête pas, quasiment 90% des touristes que nous croisons viennent de France !
Lors de la dégustation, je craque pour « el Cula de Mono » sorte de Baileys chilien.
Mais il ne reste qu’une bouteille, et la New yorkaise qui fait la visite avec nous a craqué aussi ! Plus prompte, elle l’a déjà dans son sac avant que j’ai pu demander le prix…
Qu’à cela ne tienne, on se rabat sur deux autres bouteilles classiques, que l’on se réserve pour Noël.
Seul, le Pisco ressemble un peu à la Grappa italienne, mais il est surtout réputé pour ce fameux cocktail où on le mélange à du sucre de canne, du jus de citron et du blanc d’œuf : le Pisco Sour. Un régal, quand il est bien dosé !
Pour l’anecdote, il faut savoir que le Chili et le Pérou revendiquent tous deux l’appellation Pisco et se livrent une véritable guerre depuis des années ! Et ça ne rigole pas… L’année dernière, un présentateur de la télé chilienne a eu le malheur d’inviter sur son plateau un producteur péruvien et de parler de Pisco Peruano. Il s’est fait licencier dans la foulée…
A Vicuña, on a trouvé quelques bonnes tables, dont « le Chivato Negro », ancien magasin de chaussures et chapeaux, reconverti en resto à la devise rassurante.
« Manger sain est un acte révolutionnaire »Après notre périple à vélo, le jus d’ananas frais, menthe et basilic était le bienvenu…
Et Tom s’est encore fait un nouveau pote.
Le dimanche soir, on a entendu des klaxons résonner dans la ville. C’était pour fêter l’élection à la Présidence de Sébastian Piñera, revenant au pouvoir 4 ans après son premier mandat.
On a pensé à tous nos amis chiliens croisés pendant le voyage. Eux n’ont pas du se réjouir…
Et puis une nuit, donc, on est allé voir les étoiles.
En compagnie d’une dizaine d’autres curieux, à bord d’un van bringuebalant conduit par un chauffeur qui se marrait tout le temps.
Au bout d’une route poussiéreuse à travers les collines, on a rejoint Eric, astrophysicien français, dans son Observatoire Del Pangue.
Dans cette région du Chili, le ciel est le plus pur du Monde. Lorsque la nuit tombe, le spectacle est fascinant. Alors bien sûr, il fait complétement noir donc impossible de prendre des photos.Tant pis…
Regardant tour à tour dans le télescope, nous écoutons religieusement notre savant dresser l’inventaire de la Voie lactée.
Et l’on se prend à rêver à l’évocation des constellations lointaines : Orion, la Croix du Sud, Cassiopée, Andromède…
Il nous explique qu’un des astres que l’on voit date… du début du 19ème siècle.
Nos cerveaux bouillonnent…
– « C’est un peu comme si un contemporain de Napoléon avait écrit une lettre, et que vous ne l’ouvriez que maintenant. C’est pareil pour cette lumière, qui a mis deux siècles à nous parvenir ».
Tenter de se mettre dans la tête d’Einstein. Parvenir à se figurer l’Espace-Temps.
– « Et sur celle là-bas, si des extra-terrestres pouvaient observer notre planète à cette heure-ci, ce 17 décembre 2017, ils verraient… des dinosaures !»
Là, nos cerveaux disjonctent. Et un peu résignés, préfèrent simplement se laisser porter par la beauté du spectacle.
On se sent si petit d’un coup…
Sur la route du retour vers Vicuña, tout le monde est un peu songeur. Avec dans la tête des milliers de questions auxquelles on ne répondra jamais.
Mais avec dans les yeux pour toujours, des Galaxies, des Nébuleuses, et des poussières d’Étoiles.

 

 

4 Replies to “ÉTAPE 25: VICUÑA ET LA VALLÉE D’ELQUI”

  1. c’est beau, c’est très beau ! mais Lolo je ne connaissais pas tes talents de cycliste….bravo !
    toujours des bisous st paulois que nous avons retrouvé aujourd’hui.
    MPSV, tatie R

  2. C’est dans un état d’intranquilité que j’espère vous revoir dans 2 siècles une fois perché sur mon étoile. Avec ou sans Pisco.

  3. « cette photo de la galaxie m’a époustouflé comme jamais » dit Martin. »On dirait qu’on est dans une fusée et qu’on va atterrir dans l’espace!!! BISOUX………Martin