ÉTAPE 32: DE POTOSI À LA PAZ

ÉTAPE 32: DE POTOSI À LA PAZ


Du lundi 15 au mercredi 20 janvier 2018

 Alors ?
– Ils vont décider cet après-midi si c’est la Guerre Civile ou pas…

Le Patron de l’hôtel Eucalyptus de Potosi n’a pas vraiment l’air de plaisanter.
Depuis plusieurs jours déjà on entend parler de tensions, de routes bloquées, de bus à l’arrêt dans les terminaux, et d’une colère montant crescendo à travers toute la Bolivie.
Mais là, la situation semble critique! Sans parler de la météo exécrable et des inondations…
Notre décision est prise, on doit quitter le pays au plus vite! On partira la nuit prochaine à la Paz et de là, Arequipa au Pérou. Tant pis pour Sucre, la capitale constitutionnelle, superbe paraît-il et qui figurait initialement à notre programme.
Une grande manifestation du syndicat des transports déferle sur le centre-ville de Potosi et rajoute à nos appréhensions.

Difficile de connaitre exactement les motivations des manifestants. On constate juste le ras le bol vis à vis du pouvoir d’Evo Morales, le Président. Depuis le début du voyage, on a lu et entendu tout et son contraire sur ce personnage, issu de la communauté indigène.
Andres notre hôte au Chiloé, passionné d’histoire et de politique, en dressait un portrait flatteur d’homme simple, censé, venant du peuple, et devant servir de modèle à tous ses voisins.
Les guides de voyages sont également dithyrambiques…
Mais en parlant avec quelques boliviens ces jours-ci, le ton n’est plus du tout le même ! Promesses non tenues, affaires de corruption, dérive « castriste », posture autoritaire… Evo, comme on l’appelle ici, n’échappe pas aux clichés propres à tous les dictateurs sud-américains.

Moi en tout cas, je ne me mouille pas trop…

Potosi est la deuxième ville la plus haute du monde (4090m) derrière El Alto, qui touche la Paz.
Elle a connu une histoire tragique. Ses gisements d’argent découverts au 16ème siècle ont fait la fortune de l’Espagne, mais ont surtout causé la perte de millions d’esclaves et d’indiens décimés dans les mines. Celles-ci existent toujours, mais sont désormais quasiment épuisés, et sont exploitées désormais de façon artisanale. Dans la misère la plus totale…
Il y a même des Tours organisés pour les visiter. Mais on n’a pas vraiment envie d’aller en «excursion» là-bas.
De nombreuses images et tableaux disséminées dans la ville nous rappellent néanmoins à cette réalité.

La condition des mineurs reste précaire. L’alcoolisme ici, et comme dans tout le pays, fait des ravages.

Pour ne pas complètement noircir le tableau « Potosi », il faut quand même dire que le centre historique de la ville est très agréable. Et superbe!

On s’attendait à voir des murs gris, ils sont au contraire tout en couleurs!

Comme les échoppes et les cafés…

Les rues sont regroupées en corps de métiers : il y a celle des coiffeurs, celle des avocats…
Ici celle des notaires et… des photocopies !
Sur la place principale, une vieille dame semble chercher du regard un monsieur…
Qui lui se regarde dans sa glace…Et les jeunes (plus très jeunes, en fait, si on regarde bien…) sont prêts pour le choc de la future finale de Ligue des Champions entre le Barça et le PSG!
Il y a peut-être juste chez ce dentiste que je ne suis pas sûr de vouloir aller…
Non, malgré les informations pas très rassurantes à notre arrivée (et qui finalement s’apaiseront quelque peu) on gardera un joli souvenir de Potosi, en particulier de notre hôtel, tout en couleurs lui aussi.

Avec son Roof top dominant la ville…

Aussi belle de jour que de nuit…

Le lendemain soir, tard, on reprend un bus pour la Paz. Outre l’économie de couchage, les blocages sont plus rares la nuit sur les routes. On n’est jamais trop prudent!
L’arrivée dans l’autre capitale (administrative) du pays nous effraie un peu.
Elle a la réputation d’être complétement folle et difficile à appréhender.
Toujours en compagnie de Tom, Clémence et Paula, notre équipière du Salar, on débarque au Loki Hostel, une auberge de jeunesse située dans une grande tour avec là encore une vue magnifique sur la ville et ses montagnes…

Pour le coup, c’est une VRAIE auberge de jeunesse, avec animations tous les soirs, comme compétition de Bière-Pong ou soirée « Anges et Démons ». C’est là qu’on réalise qu’on est vieux…
Quand on entre dans notre chambre, on trouve même sur notre lit… 2 bouillotes !
Une première balade nous rappelle que les tensions ne sont pas encore complètement retombées..

Mais outre le souffle qui nous fait toujours un peu défaut (on est toujours à plus de 4000m!) nos premières sensations sont plutôt bonnes !

Comme à Potosi, on retrouve nos rues « spécialisées »

Et toujours ces mélanges de neuf et d’ancien, déjà aperçus à Santiago et Buenos Aires.

Dans le centre historique, on s’arrête au Musée du littoral de la Bolivie, qui comme on le sait n’a pas de front de mer… Et c’est là tout son drame !
On sent que le Pays ne se remet toujours pas de cette côte perdue lors d’une guerre vieille de 140 ans. Le voisin chilien reste honni, et les revendications n’ont jamais cessé.. Dans la très jolie « Calle Jaen », on tombe sur l’atelier du peintre Mamani Mamani, célébrité locale.

Mais à part ces courts intermèdes culturels on sent quand même que cette ville est un peu foutraque, pour ne pas dire que c’est complètement le bordel. A l’image de cette installation électrique…
Ou de cet écran géant perdu au milieu de nulle part… (avec du foot bien sûr!)La circulation aussi, c’est un vrai truc…
Il n’y a pas deux secondes qui peuvent s’écouler sans qu’on entende le bruit d’un klaxon. Ça n’arrête jamais !
La plupart des gens circulent dans des mini-van, mi bus, mi taxi, qui stoppent tous les 10 mètres un peu n’importe où…
Moi j’ai un petit faible pour les bus « Dodge », beaucoup plus classes, mais il ne faut pas être pressé…
Pour fuir l’agitation des rues, on décide de prendre un peu de hauteur. Et de prendre le téléphérique jusqu’à El Alto, la ville voisine.
Contrairement à Salta, ce n’est pas ici une attraction touristique mais un vrai moyen de transport… comme le métro ! Et la vue est autrement plus spectaculaire ! Cette immense cuvette est fascinante, avec l’incroyable enchevêtrement de maisons à flanc de montagnes.
Cette fois c’est à Valparaiso qu’on pense..

Et juste derrière, d’immenses plateaux de verdure, parsemés simplement de quelques bâtisses qui paraissent du coup d’un calme absolu…

Sinon, y’en a qui se marre mais ça me rassure, elles ont encore plus le vertige que moi…
Première chose sur laquelle on tombe à El Alto, son immense Marché en plein air où l’on trouve tout et n’importe quoi. Surtout n’importe quoi…

Mais aussi un match de foot… féminin!

Et ça joue! Même en jupe longue !
On se demande d’ailleurs comment elles peuvent courir autant, quand nous on est exténué après avoir monté trois marches…Il paraît que tout ce qui est à base de Coca permet de tenir le coup, mais je n’ai pas osé acheter de bouteille à cette dame de peur de voir s’écrouler tout son édifice…
Sinon quelques tables sympas à la Paz!
Au « May Pan », on s’est presque fait un apéro comme Rue Lalande, avec fromages de chèvre, jambon Serrano, Houmous et caviar d’aubergine. Avec du vrai bon pain !
Quand on mange poulet, riz, patates à 90% de nos repas, le menu ci-dessus est un luxe !
Mais la jolie surprise est venue d’une pizzeria ne payant pas de mine, « la Mozzarella » dans laquelle on est un peu rentré par hasard (en fait, celle en face conseillée par tous les guides, était fermée).
Tellement bonnes les pizzas, qu’aucun d’entre nous ne se méfie d’une dame entrant dans la boutique, et repartant incognito avec le sac de Thomas. Au moment où la patronne s’en rend compte, il est trop tard. La course poursuite engagée par le pizzaiolo, puis par Tom, reste vaine. La voleuse s’est fondue dans la foule. Du travail de pro…
Avec Lolo on commence déjà à envisager les formalités administratives à venir, pénibles…
Mais en fait, le larcin se révèle moins grave que prévu : dans le sac il n’y avait ni passeport, ni argent, ni carte bleue, « seulement » si l’on peut dire le traitement de Thomas. Il va falloir se mettre en quête d’une pharmacie, mais c’est un moindre mal.
Un policier déboule et procède à un rapide interrogatoire. La patronne se confond en excuses. Et nous propose de revenir le lendemain pour bénéficier de réductions.
On serait revenu quand même donc OK ! On se régale pareil la seconde fois..
Sur la carte, on retiendra la mi-Nutella banane, mi Nutella-cerise.
Meilleure à manger qu’à voir en photo!
Finalement, malgré nos craintes et ces quelques désagréments, on a pu rester 4 jours à la Paz, et c’était une expérience sympa!
Loin du Brouhaha permanent, quelques endroits nous ont servi de refuge, comme le Café del Mundo le dernier jour pour un excellent petit déj.
Prochaine étape, Aréquipa au Pérou!
Mais on espère que notre aventure bolivienne n’est pas complètement terminée.
On tachera de revenir dans quelques mois, quand la météo sera meilleure et les tensions sociales un peu retombées, histoire de collecter encore d’autres « Moments.. »

3 Replies to “ÉTAPE 32: DE POTOSI À LA PAZ”

  1. Beaucoup de ressemblance avec le Chili, non ?
    Il nous tarde maintenant de découvrir le Pérou
    Pas trop fatigués les enfants ?
    Prenez soin de vous… et de vos sacs !!

  2. Désolé, les gens je parle encore de Cuba mais moi je suis impatient. Cuba, Cuba et encore Cuba non mais je suis trop impatient c’est pas possible, ( je rigole ). Dans 4 jours quand même. Le temps passe très vite mais désolé de le redire, je suis encore impatient !
    C’est bizarre comme l’impatience peut durer longtemps. Au début, je croyais que c’était un rêve ou que c’était juste une idée mais cette idée est devenue réalité. Bon moi je dois aller me coucher.
    C’est bien car demain ça sera J-3…!
    Gros bisous. Martin.

  3. Que de découvertes, de rencontres, de « claques dans la g… » ! À tel point que, je ne sais pas si c’est moi… je finis, en vous lisant, par « perdre le nord » !!! Je ne sais plus où je suis, où vous êtes, dans quel pays nous sommes…
    Mais, que viaje maravilloso ! No sé si podriais volves a la Calle Lalande, numero 4 !!!!
    Besos 😘😘
    Ce qui est bien, c’est qu’à vous lire, on se (re)met à parler espagnol !!!